La situation a suscité une vague de protestations et des appels à la retenue dans la communauté internationale. « Les responsables de ces violations flagrantes des droits de l’Homme doivent rendre des comptes », a commenté le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit « particulièrement inquiet ».
De nombreux pays, dont la Grande-Bretagne, la France et la Russie, ont pour leur part réprouvé l’ouverture de l’ambassade américaine à Jérusalem, dont le transfert avait été désavoué par cent vingt-huit des cent quatre-vingt-treize pays membres de l’ONU. « Nous appelons au calme et à la retenue pour éviter des actions destructrices pour les efforts de paix », a déclaré un porte-parole de la Première ministre de Grande-Bretagne, Theresa May. La France condamne « les violences » et son président, Emmanuel Macron, « parlera à tous les acteurs de la région dans les prochains jours », a annoncé la présidence française.
Interrogé pour savoir si le transfert de l’ambassade américaine faisait redouter à la Russie une aggravation de la situation dans la région, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu : « Oui, nous avons de telles craintes, nous l’avons déjà dit ». « Le sort de Jérusalem doit être décidé par un dialogue direct avec les Palestiniens », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
L’Afrique du Sud aura été le premier pays du continent africain à condamner cette violence. Dans un communiqué, le gouvernement indique qu’en raison du caractère grave et aveugle de l’attaque israélienne, Pretoria rappelle son ambassadeur avec effet immédiat, ajoutant que l’inauguration de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem constitue une provocation. « En raison du caractère grave et aveugle de la dernière attaque israélienne, le gouvernement sud-africain a décidé de rappeler l’ambassadeur Sisa Ngombane avec effet immédiat », a annoncé le ministère des Affaires étrangères de ce pays.
Amnesty International a dénoncé une « violation abjecte » des droits de l’Homme et des « crimes de guerre » à Gaza. Human Rights Watch a évoqué « un bain de sang que n’importe qui aurait pu voir venir ». Du côté de l’Union européenne, Frederica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne, a demandé « à toutes les parties d’agir avec la plus grande retenue ».
« Nous condamnons ce qui s’est passé », a déclaré l’ambassadeur du Koweït à l’ONU, Mansour al-Otaibi, dont le pays a appelé à une réunion, le 15 mai, du Conseil de sécurité des Nations unies. Le Canada a réagi par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, en disant que « c’est inexcusable que des civils, des journalistes et des enfants aient été des victimes ».
« Malheureusement, les Etats-Unis se sont placés du côté du gouvernement israélien dans ce massacre de civils et sont devenus complices dans ce crime contre l’humanité », a estimé, de son côté, le Premier ministre de la Turquie, Binali Yildirim.
En Egypte, le ministère des Affaires étrangères a qualifié les personnes tuées de « martyrs » et mis en garde contre une « escalade ». Le grand mufti Shawki Allam a dénoncé, avec l’ouverture de l’ambassade américaine, « un affront direct et clair aux sentiments de plus d’un milliard et demi de musulmans sur terre », qui « ouvre la porte à davantage de conflits et de guerres dans la région ». « L’Arabie saoudite « condamne avec force les tirs des forces d’occupation israéliennes contre des civils palestiniens désarmés », a dit son ministère des Affaires étrangères, sans évoquer l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem.
« Le régime israélien massacre de sang-froid d’innombrables Palestiniens qui manifestent dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde », a affirmé le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, avant de proclamer que c’est « un jour de grande honte ». « La Syrie condamne le massacre de civils palestiniens non armés », a fait savoir une source au ministère des Affaires étrangères.
Pour la ministre des Affaires étrangères de Norvège, Ine Eriksen Søreide, « il est inacceptable de tirer à balles réelles sur des manifestants ». « Le Brésil lance un appel à la modération, à la paix », a réagi son président, Michel Temer, qui a déploré « les terribles violences ». Le roi Mohammed VI du Maroc a dénoncé une « décision unilatérale ».
Les Etats-Unis fustigent, quant à eux, le mouvement palestinien Hamas. « La responsabilité de ces morts tragiques repose entièrement sur le Hamas », qui a provoqué « intentionnellement et cyniquement cette réponse » d’Israël, a déclaré Raj Shah, le porte-parole adjoint de la présidence américaine.