Santé: « Près de 55% des cancers sont guéris si tous les moyens de lutte sont en place », selon le Pr Charles Gombé Mbalawa

Lundi 14 Mai 2018 - 14:22

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Le président de l'Alliance des ligues francophones et méditerranéennes pour la lutte contre le cancer (Aliam) a présenté, récemment, le panorama de cette pathologie au cours d’un focus organisé sur les cancers du côlon à Brazzaville par la Fondation Noevy-Itoua. 

Maladie grave, non contagieuse se distribuant dans le monde entier, le cancer touche les hommes, les femmes et les enfants. En effet, dans sa leçon inaugurale, le Pr Charles Gombé Mbalawa a rappelé que le cancer du côlon occupe actuellement la deuxième place dans les pays industrialisés après celui du système respiratoire. En Afrique, le cancer du côlon occupe entre la cinquième et la sixième place, selon les pays. C’est le cas du Congo où il se situe en cinquième position. « Les cancers du côlon ont une particularité africaine surtout parce qu’en Afrique aujourd’hui, les cancers du côlon touchent des personnes âgées de moins de 35 ans alors qu’en Europe, ce sont celles qui ont plus de 55 ans qui sont touchées », a expliqué l’ancien chef du service de cancérologie du Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Brazzaville à la retraite.

Les facteurs de la maladie

Évoquant les causes de la maladie, le Pr Charles Gombé Mbalawa s’est focalisé sur les facteurs étiologiques qui sont subdivisés en deux grandes familles. Il s’agit notamment des facteurs internes dont l’hérédité, la dépression immunologique, c’est-à-dire la diminution des capacités qu’a le corps humain de se défendre naturellement. « Il y a plus de quarante ans, lorsqu’on parlait des cancers héréditaires, il s’agissait de 5%. Aujourd’hui, les cancers héréditaires occupent près de 15% », a communiqué le président de l’Aliam.

S’agissant de la seconde grande famille des facteurs externes, le Pr Mbalawa a parlé des choses qui viennent de l’extérieur pour venir se heurter au corps humain. Il s’agit, entre autres, des facteurs physiques et chimiques dont ceux contenus dans la cigarette ainsi que les microorganismes.

Manifestations de la maladie

Abordant l’aspect relatif aux éléments constitutifs de la pathologie, il a expliqué que lorsque le cancer débute à l’intérieur du corps humain, il lui faut à peu près quatorze ans pour pouvoir se manifester. Ainsi, pendant cette période, la multiplication se fait à bas bruit car il n’y a pas de signes. « Nous disons souvent qu’au début, le cancer ne fait pas mal, donc il n’est pas brouillant et, par conséquent, la personne atteinte ne se sait pas malade. La conséquence est que les malades arrivent tardivement à leur première consultation, hypothéquant les chances de consultation. Mais, heureusement, il y a des indices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », a poursuivi le Pr Charles Gombé Mbalawa.

Comment lutter contre le cancer ?

À propos des moyens de lutte, le conférencier a cité en premier lieu le traitement préventif qui passe nécessairement par la sensibilisation de la population à travers les ONG et autres associations. Ensuite vient le dépistage, une action consistant à faire des examens précis permettant de découvrir la maladie qui est encore à son stade précancer. D’après lui, le dépistage est le moyen idéal de lutte contre le cancer. Après s’en suit le diagnostic précoce pour détecter un certain nombre de signes précurseurs qui aboutiraient à mettre en place des examens.

Insistant sur les signes regroupés en 1981 par l’OMS dans le terme Indice, Charles Gombé Mbalawa a averti que le seul saignement qui doit être considéré comme normal est celui des menstrues chez la femme en activité ovarienne. « Le fait de cracher et de voir le sang doit emmener à la consultation. Tout saignement anormal doit conduire le praticien à se poser la question fondamentale suivante : pourquoi cette personne saigne-t-elle ? Ceci est le premier volet de la lutte, la prévention », a-t-il fait savoir.

Quant à l’aspect curatif du traitement des personnes atteintes des cancers, les grands moyens majeurs connus, a-t-il dit, sont la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Il a, cependant, regretté le fait que certains médicaments anticancéreux coûtent très cher. C’est le cas de l’Avastin dont le flacon de 10 ml coûte 1 200 000 FCFA. Le dernier traitement est palliatif puisqu’il s’agit d’accompagner le malade de lutter contre l’infection, la dénutrition car c’est vers la fin que la douleur apparaît. « Lorsqu’on a fait ces trois éléments et lorsqu’on a mis en place un programme de lutte contre les cancers dans lequel la partie préventive est hypertrophiée, on est à peu près sûr d’obtenir des meilleurs résultats. Car aujourd’hui, près de 55% des cancers sont guéris à partir du moment où tous les moyens de lutte sont en place », a conclu le Pr Charles Gombé Mbalawa.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le Pr Charles Gombé Mbalawa présentant le panorama du cancer/Adiac

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