Burkina Faso : Blaise Compaoré fait président d’honneur de son parti

Lundi 7 Mai 2018 - 11:45

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L’ex-président s’est vu confié le poste à l’occasion du VIIe congrès de sa formation politique, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), tenu du 5 au 6 mai à Ouagadougou.

L’ancien président et fondateur du parti, renversé par la rue en 2014 après vingt-sept ans au pouvoir et qui vit aujourd’hui en exil en Côte d’Ivoire, s’est même vu attribué des pouvoirs par une motion faisant de lui le « garant de l’unité et des orientations politiques du CDP ». Il « arbitre en dernier ressort les décisions du parti, valide le choix du candidat à l’élection présidentielle et valide les propositions d’union ou de fusion avec d’autres partis », précise le texte.

Le congrès avait pour but de désigner un nouveau chef, probable candidat à la présidentielle de 2020. Pour ce faire, Eddie Constance Hyacinthe Komboïgo, expert-comptable de 51 ans et proche de Blaise Compaoré, a été reconduit à la tête de l’ex-parti au pouvoir dont il dirige depuis mai 2015. Il a été réélu par trente-neuf voix contre trente-trois pour son challenger, Boureima Badini, un ancien ministre de la justice de Blaise Compaoré, dont il a également été le représentant spécial dans la médiation de la crise ivoirienne. C’est dire que cette élection pourrait faire de lui le candidat de l’ex-parti au pouvoir à la prochaine présidentielle.

Dans son intervention après avoir été reconduit à la tête du parti, Eddie Constance Hyacinthe Komboïgo a dit réaliser l’ampleur de la mission qui lui a été confiée. « Qui aurait cru que le CDP se reconstruirait après les événements de 2014 ? Mais le CDP est de retour et prêt pour la reconquête du pouvoir », a-t-il lancé aux milliers de militants euphoriques, rassemblés au palais des sports de Ouagadougou. « Le CDP vient de loin et ambitionne aller très loin (…). Nous avons une lourde mission qui nous commande un grand challenge, celui d’œuvrer à restaurer la paix, la stabilité politique et le progrès économique et social que nous avons connu avec le président Blaise Compaoré », a ajouté celui qui est dorénavant considéré comme l’héritier de l’ancien régime.

Une dizaine de candidats, dont Eddie Komboïgo ou encore Juliette Bonkoungou, également cadre du parti, était en lice pour la présidence du parti. Lors du scrutin de 2015 qui avait vu la victoire de Rock Marc Christian Kaboré, le parti de Blaise Compaoré ainsi que les leaders des formations politiques alliées n’avaient pas eu le droit d’y participer.

C’est pour cela qu’à l’ouverture du congrès, Eddie Komboïgo a dénoncé les nombreuses « intimidations, arrestations et incarcérations » de leurs camarades, qui avaient conduit le parti à reporter « sine die » un congrès extraordinaire initialement prévu en 2016. Parmi les personnes concernées, figurent des anciens ministres du dernier gouvernement du président Blaise Compaoré, dont Luc Adolphe Tiao, Premier ministre, et des cadres du parti. En somme, tous les trente-deux ministres du dernier gouvernement de Compaoré ont été mis en accusation depuis juillet 2015. Malgré cela, le CDP avait obtenu dix-huit députés au parlement, devenant la troisième force politique du Burkina.

Plusieurs cadres et leaders de l’ex-parti au pouvoir sont encore poursuivis en justice pour des cas présumés de « détournements de deniers publics », de « dissipation de parcelles » ou pour leur implication présumée dans le putsch manqué de septembre 2015 mené par le Régiment de la sécurité présidentielle, l’ancienne garde de Blaise Compaoré.

Par la voix d’Eddie Komboïgo, le CDP s’est excusé auprès des Burkinabé pour les torts causés dans la conduite du pouvoir. « Le CDP connaît que tout n’a pas été parfait lorsqu’il exerçait le pouvoir », a-t-il reconnu, soulignant que malgré des acquis indéniables, le parti a connu « des insuffisances et des échecs dans la mise en œuvre de sa politique ». Il a affirmé que son parti assume des « parts de responsabilité » pour ne pas avoir répondu « aux exigences de la population ». Eddie Komboïgo a demandé pardon aux Burkinabé au nom du CDP.

Invité à l’ouverture du congrès, le chef de file de l’opposition, Zéphyrin Diabré, membre de l’Union pour le progrès et le changement, a estimé que « la tenue de ce congrès qui constitue un événement majeur de la scène politique nationale » et la « présence massive des militants signalent de manière éloquente que le CDP est de retour et que l’opposition est en marche ».

 

 

Nestor N'Gampoula

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