Kinshasa : trois à quinze cas d’AVC recensés par semaine

Samedi 28 Avril 2018 - 18:09

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La révélation a été faite par un cabinet spécialisé, en l’occurrence Target RDC, au terme de sa première étude fouillée sur un phénomène qui a pris une ampleur très préoccupante depuis quelques années.

En dehors de la perception générale des Congolais sur le mal, les enquêteurs ont interrogé plusieurs spécialistes, principalement des cardiologues et internistes. Il en ressort des chiffres révélateurs de la progression de la maladie. Par semaine, les structures hospitalières interrogées (Clinique Ngaliema, Médecin de nuit, Hôpital général de Kinshasa, SOS Banque centrale congolaise, Biamba Marie Mutombo et hôpital Saint-Joseph) reçoivent entre trois à quinze cas d’accident vasculaire cérébral (AVC), selon le niveau de fréquentation de l’infrastructure.

Publiée en mars dernier, l’enquête réalisée par Target RDC, un cabinet spécialisé et auteur de plusieurs études de marché pour le compte de certaines entreprises locales, vient confirmer le taux croissant d’AVC au cours des cinq dernières années. « Les hôpitaux interrogés ont enregistré un taux croissant d’AVC par rapport aux années antérieures, entre 2005 et 2010 ». Autre information, les cas d’AVC ischémiques, c’est-à-dire ceux qui surviennent lorsqu’il y a une obstruction des vaisseaux du système nerveux central, dominent dans les hôpitaux sélectionnés. Ces malades représentent environ 66 % des cas recensés au cours de l’année 2017. Ces cas sont plus importants pendant certaines périodes spécifiques, notent les experts. Il s’agit, par exemple, de la rentrée des classes pour les parents.

L'AVC, troisième cause des décès en RDC

Se fondant sur les recherches du Dr Mounha Ndofula, Target Congo signale que les hôpitaux qui disposent de plus d’équipements de prise en charge contre l’AVC sont ceux dont le nombre de patients augmente chaque année. En chiffres, l’hôpital général de Ndjili a enregistré 374 cas en 2010 avant de passer à 174 cas en 2012. Par contre, l’hôpital Roi Baudoin est passé de 18 à 73 cas entre 2010 et 2012. Les malades sont hospitalisés très souvent en réanimation. D’autres sont évacués en urgence mais les médecins exigent toujours que le patient dépasse la phase aiguë avant tout transfert. La seule nouvelle assez rassurante est que les décès sont rares dans les hôpitaux visités. Toutefois, plusieurs études crédibles convergent sur le fait que l’AVC reste la troisième cause de décès en RDC. « Cela dépend de l'étendue de la lésion cérébrale, de la présence d’autres pathologies (VIH-sida, diabète, etc.) ou d’autres aspects inhérents à l’organisation interne de l’hôpital (qualité de la prise en charge) », indique l'étude.

L’autre volet fort intéressant concerne les catégories socioprofessionnelles les plus touchées en RDC. Sur ce point précis, les experts interrogés, c’est-à-dire les cardiologues et les internistes, n’ont pas cherché à établir une corrélation directe entre la survenue des AVC et une profession quelconque. Une récente étude publiée en France a classifié les catégories socioprofessionnelles qui dorment mal. Cinq mille personnes ont été interrogées dans ce cadre. Au top trois, l’on retrouve les médecins, les gardiens de la paix et les journalistes. Bien entendu, conclut cette étude française, ces catégories sont les plus exposées à l’AVC. L’approche de nos blouses blanches semble bien différente. Ce n’est pas une question de type de travail concerné mais plutôt du mode de vie adopté, de la mauvaise alimentation et de l’âge avancé, insistent-ils. Il s’agit des facteurs de risque de l’AVC. Il est vrai que le niveau de stress constitue également un facteur de risque non négligeable. Les décideurs seraient ainsi les plus exposés, mais cette catégorie socioprofessionnelle dispose de plus de moyens pour gérer les facteurs de risque et les maladies cardio-vasculaires, renchérissent-ils.

Une maladie bien connue des Congolais

Enfin, le dernier volet qui a attiré notre attention est la perception générale de l’AVC chez les Congolais. Par rapport aux conclusions de l’enquête, Target Congo confirme que la population congolaise dans sa majorité (66 %) connaît bien l’AVC. Les Congolais les mieux informés sont âgés de 25 ans et plus. La Tshuapa, le Kongo central et la ville de Kinshasa sont les provinces qui semblent mieux connaître la pathologie. Le Maï-Ndombe est la province la moins informée sur la pathologie. 81 % des habitants ne sont pas informés. Par ailleurs, 95 % des personnes interrogées considèrent effectivement l’AVC comme une maladie dangereuse. « Les personnes actives et les plus âgées (35 ans et plus) sont celles qui craignent le plus cette pathologie ».

Target Congo ne s’est pas contenté de dresser un tableau sombre de l’AVC en RDC. Ce cabinet spécialisé a fourni des pistes de solution durables, surtout en matière de stratégie de prévention. Il est important, selon lui, de poursuivre la sensibilisation de la population congolaise afin qu’elle maîtrise mieux les facteurs de risque. Entre-temps, les recherches doivent également se poursuivre pour actualiser régulièrement les chiffres et améliorer la qualité de la prise en charge. La lutte contre cette maladie est l’affaire de toutes les catégories socio-professionnelles, conclut-il.

Top cinq des personnes les plus exposées

  1. Personnes souvent stressées : 36 %

  2. Personnes qui souffrent de l’hypertension artérielle : 28 %

  3. Personnes âgées (50 ans et plus) : 21 %

  4. Personnes obèses : 15 %

  5. Personnes qui font moins d’exercices physiques : 10 %

 

Laurent Essolomwa

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