Explosions de Mpila : les Brazzavillois se souviennent encore du dimanche "apocalyptique" du 4 mars

Lundi 5 Mars 2018 - 14:00

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Autorités nationales, parents et victimes du drame du 4 mars 2012 ont déposé, le 4 mars 2018, des gerbes de fleurs au cimetière du centre-ville de Brazzaville où reposent les âmes de près de trois cents personnes.

4 mars 2012-4 mars 2018, il y a exactement six ans, jour pour jour, que l'explosion d'un dépôt de munitions avait fait officiellement 282 morts, plus de 2 300 blessés et 14 000 sans-abri, à Mpila, dans les arrondissements 5 Ouenzé et 6 Talangaï. Ce fut alors un dimanche noir. Ainsi, certains parents qui ont effectué le déplacement du cimetière du centre-ville, le dimanche 4 mars 2018, n’ont pu contenir leurs larmes.

L’un des rescapés de cette tragédie, Brunel Elenga, est président de l’Association des blessés et invalides du 4 mars 2012, dont les membres ont arboré des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire : un dimanche noir, des souvenirs sombres. « Quelqu’un qui était valide avant, aujourd’hui devient invalide, ce n’est pas du tout facile, mais avec l’aide de Dieu, ça ira. Nous sommes des rescapés de ce malheureux évènement, nous sommes simplement venus nous recueillir ici pour avoir une pensée pieuse en mémoire des morts», a expliqué l'invalide. 

Le ministre en charge de l’Enseignement technique et professionnel, Antoine Thomas Nicéphore Fylla Saint Eudes, qui a déposé la gerbe de fleurs au nom du gouvernement, a échangé avec un échantillon des blessés, dont certains ont des membres amputés. « Nous voulons faire marquer dans la mémoire collective que le drame du 4 mars 2012 reste présent. C’est en ce sens-là que la République, n’oubliant pas ses morts, vient de déposer une gerbe de fleurs pour dire que nous sommes là, avec nos morts, les déplacés et tous ceux qui ont subi des dégâts matériels et physiques. », a indiqué le ministre.

L’espoir est toujours permis

Privat Frédéric Ndeké et Marcel Nganongo, respectivement administrateur-maire de Talangaï et de Ouenzé, ont également déposé une gerbe de fleurs sur la stèle érigée en mémoire des victimes de cette tragédie.

En effet, au lendemain de cette catastrophe, des mesures d’urgence avaient été prises. Il s’agit, entre autres, d’une allocation d’urgence, l’indemnisation des victimes, le relogement de certains sinistrés volontaires au site de Kintelé et la construction des hangars pour ceux qui avaient refusé de quitter leurs parcelles.

L’administrateur-maire de Talangaï s’est dit confiant de l’aboutissement du processus, après la publication du décret instituant une commission nationale dirigée par le ministre d’Etat, Alphonse Nsilou. « Nous avons eu une première réunion de prise de contact avec les différentes associations pour leur expliquer certains problèmes qui restent encore non résolus jusqu’aujourd’hui. Je pense que la mise en place de cette commission pourra booster les choses, pour que dans des délais très brefs, des solutions soient trouvées mais vous êtes sans ignorer la grande crise financière que connaît notre pays .», a indiqué Privat Frédéric Ndeké.

Chaque année, les mêmes problèmes

En dépit des actions menées par le gouvernement en rapport avec cette tragédie, il y a grincement des dents du côté des ayants-droit, dont certains n’ont jamais été pris en compte. Président du collectif des parents des décédés, Joseph Obendzelé pense qu’on tourne autour des mêmes problèmes depuis près de cinq ans. « Il n’y a pas de changement par rapport à ce que nous décrions depuis quatre ou cinq ans, de la part du gouvernement. Donc, quelque part, je suis désolé du comportement du gouvernement vis-à-vis de notre collectif. », a-t-il déploré.

Selon lui, le collectif ne doit pas baisser ses bras et doit se battre jusqu’à ce que les portes lui soient ouvertes. « Tout dernièrement j’ai été chez le ministre de la Construction, qui a été nommé président du comité de suivi des affaires du 4-mars. Ce dernier m’a orienté chez le ministre d’Etat, en charge du Commerce, Alphonse Nsilou, où on ne m’a pas reçu. », a dénoncé Joseph Obendzelé.

Communiquer davantage

Députée élue de la première circonscription électorale de Talangaï, Blandine Nianga, qui regrette le manque de communication de la part du gouvernement, pense également qu’il faudrait toujours se battre auprès de l’exécutif. « Nous partageons leur douleur, nous croyons en ce que l’exécutif nous dit, parce qu’à peine hier, j’ai eu à discuter avec le ministre en charge des Grands travaux et de l’aménagement du territoire, qui m’a donné une certaine assurance. Mais il faudrait qu’il y ait la communication entre l’exécutif, les parlementaires que nous sommes et les familles des victimes. On nous demande chaque jour les actions que nous menons concernant la reconstruction des maisons  détruites.», a conclu la députée, également habitante du quartier au moment des faits.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le ministre Nick Fylla se recueillant devant la mémoire des victimes ; les blessés et invalides du 4 mars 2012 ; une vue des tombes des décédés/Adiac

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