Couleurs de chez nous : Itinéraires

Vendredi 9 Février 2018 - 18:33

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Dans l’une des chroniques, nous évoquions le jeu de zigzag que pratiquent les transporteurs de bus dans Brazzaville. Puis celui de double course par les taximen avec son appendice : le refus de certains itinéraires. Ce sont-là deux phénomènes visibles dont s’accommodent bien les habitants de la capitale congolaise. Pourtant, une balade dans Brazzaville permet de  découvrir bien d’autres tristes réalités, autour du transport, comme toute ville peut en cacher.

S’il est plus facile de partir de Massengo pour Bifouiti, de PK pour Total ou de kintélé pour le CHU ou de la gare centrale pour Moukondo, certains itinéraires nécessitent de chacun qu’il soit bien intégré dans la ville. Encore que pour ceux que nous venons de mentionner, l’usager n’aura jamais un trajet direct. Il sera soumis au phénomène de « demi-terrains » ou à pire que cela.

En d’autres termes, comment faire pour aller de Mazala à Mikalou, du Boulevard Alfred-Raoul à Mpila, du marché Sukissa à Petit-chose, de l’aéroport Maya- Maya à Moukondo, de Mpissa  à Kinsoundi, etc. ? Dans une ville avec peu d’indications comme Brazzaville, circuler est un casse-tête au point que de nombreux citoyens se retrouvent dans des postures de vrais étrangers dans leur propre ville.  

Patrick, la cinquantaine chevillée au corps, est un résident de Ouenzé, le cinquième arrondissement de la ville. Il y a ses habitudes et ses fréquentations. Ce jour-là, il est invité à Kinsoundi. Habitué des taxis, il doit cependant négocier les bus de transport en commun au nom de la crise qui lui impose une restriction dans sa manière de vivre. Toute honte bue, il s’infiltre dans un taxi déjà cabossé et dans une promiscuité qui l’étouffe. De Mazala, il doit se rendre à Kinsoundi en passant par la frontière et Diata. C’est là qu’il se perd et qu’il cherche comment rejoindre sa destination finale. Bref, il y arrive au terme d’une gymnastique financière. Une amère expérience assortie de leçons au nombre desquelles sa non-maîtrise de la géographie de sa ville et la découverte d’un circuit mal organisé, soumis aux caprices des exploitants privés.

Comme lui, les habitants de Jacques-Opangault, un quartier de la partie nord de Brazzaville, savent ne plus compter sur le circuit officiel moins encore sur les bus autorisés. L’enclavement, ajouté à d’autres facteurs, leur a fait développer  des automatismes propres à leur circonscription. Même argument pour les habitants des collines qui surplombent l’académie militaire et ceux du quartier « Télé » en hauteur de Mfilou.

Comment faire pour rejoindre le quartier Makazou quand on se trouve à la cité de l’OMS ? Tout Brazzavillois a déjà été confronté à ce type de situation qui traduit bien, et mal, l’organisation de notre ville. Ici, comme dans d’autres villes du Congo, pas besoin de GPS pour s’orienter car, souvent, certaines rues peuvent se révéler comme de véritables impasses, quand elles ne sont pas des nasses, qui vous obligent à faire le détour.

 

Van Francis Ntaloubi

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