Éducation-Formation professionnelle : un conflit de compétence en voie de créer un malaise dans tout le pays

Mardi 30 Janvier 2018 - 16:41

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Le ministère de la Formation professionnelle, métiers et artisanat (FPMA) et celui de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP) se disputent la tutelle du secrétariat général à l’Enseignement technique et professionnel (ETP).

 

 

Un conflit de compétence continue à couver entre le ministère de la FPMA et celui de l’EPSP à propos du secrétariat général à l’ETP. Le premier ministère soutient que cette administration doit lui être rattachée alors que le second, avec références également, admet que les attributions dévolues à ce secrétariat rentrent dans la sphère des missions que le législateur lui a assignées.

La situation de ce secrétariat avait fait, en son temps, l'objet de plusieurs travaux, des commissions et de correspondances de la part des membres du gouvernement. A ce temps-là, la raison avait prévalu sur la passion et d’autres considérations. Curieusement, le ministère de la FPMA, dont les attributions ne correspondent qu’à l’éducation non formelle, fait réapparaître cette crise artificielle, prenant le risque de troubler, une fois de plus, le cours normal des enseignements dans le pays. Ce ministère a oublié qu’il avait sollicité, en avril 2017, au près du Premier ministre Samy Badibanga, la création d’un secrétariat général de l’Enseignement et formation technique et professionnels, métiers et artisanat, qu’il avait pensé correspondre à ses attributions.

Des arguments battus en brèche

Dans une lettre du 2 janvier adressée à certains membres du gouvernement concernés par ce dossier, le Premier ministre, Bruno Tshibala Nzenzhe, pensant régler ce conflit, a noté que sur le plan national, la loi-cadre sur l’Enseignement national prévoyait que l’enseignement technique allait de pair avec la formation professionnelle et que les deux étaient indissociables.

Bruno Tshibala a également noté que le système éducatif congolais avait abouti à la nécessité d’une séparation nette entre, d’un côté, l’enseignement général et normal et, de l‘autre, l’enseignement technique et formation professionnelle.

S’appuyant donc sur certains argumentaires, le chef du gouvernement a décidé que le secrétariat général à l’ETP, son cadre organique, ses fonctionnaires et agents constitueront désormais l’administration centrale et provinciale du ministère de la FPMA. Pour le Premier ministre, la réussite du système éducatif congolais dépendait du respect strict des décisions claires et cohérentes déjà adoptées dans ce domaine.

« Nenni ! », répondent les syndicalistes du secteur de l’EPSP. Ayant eu vent de cette décision du chef du gouvernement, l’intersyndicale des enseignants de l’EPSP a voulu remettre la pendule à l’heure. Cette structure a, d’abord, rappelé que depuis longtemps, la notion de perturbation des cours, mieux des perturbations de toute nature déclenchées à l’enseignement maternel, primaire, secondaire et professionnel, n’était plus de mise. « Des femmes et des hommes s’investissent avec abnégation et sacrifices jour et nuit en vue du maintien de la paix dans les milieux scolaires, à travers toute l’étendue du pays », a fait remarquer l’intersyndicale.

Analysant froidement la lettre du Premier ministre adressée à certains membres du gouvernement en rapport avec ce dossier, l’intersyndicale, qui s’appuie sur l’article 80 de la loi cadre et sur l’article 2 de l’Ordonnance de 1971, fait observer que l’enseignement technique est effectivement indissociable de l’enseignement professionnel mais ne va pas de pair avec la formation professionnelle.

En suivant cette réflexion de l’intersyndicale, l'on se trouve devant certaines réalités indéniables. L’EPSP et la FPMA sont deux ministères distincts ayant des objectifs différents : l’EPSP gère la formation formelle, avec un cursus et diplômes alors que les objectifs du ministère de la FPMA sont de former des professionnels, en leur donnant un métier pour qu’ils puissent se prendre en charge ici et maintenant. L'on constate avec cette structure que l’éducation non formelle comporte comme activités: le rattrapage scolaire, l’alphabétisation, l’apprentissage, la formation professionnelle ainsi que l’éducation professionnelle et permanente. Alors que la formation professionnelle, en soi, a pour but de former l’ouvrier qualifié et le praticien apte à travailler dans le secteur tant public que privé ou pour son propre compte.

Vouloir rétrécir un champ vaste

Selon cette vision, il est constaté que la volonté et la demande du ministère de la FPMA de vouloir gérer le secrétariat général de l’ETP tendent à rétrécir ce vaste champ ouvert devant lui. On se rappellera que la RDC dispose de plusieurs centres de formation gérés par les ministères. Ceux-ci répondent aux objectifs déjà énumérés, de donner aux professionnels un métier ou de les remettre à niveau. Tel serait le cas, notamment, de l’Institut national de préparation professionnelle et autres dont le ministère chargé de la FPMA pouvait réclamer la tutelle, au lieu de disperser ses énergies dans des batailles qui ne le grandissent pas.

Selon la législation, ces dits centres et structures de formation devraient être mis sous tutelle du ministère ayant la formation et les métiers dans ses attributions. Actuellement, le constat est que cela n’est pas le cas. L’exercice, pour le ministre de la FPMA, dont les attributions font de lui la tutelle de l’éducation non formelle, aurait donc été de de chercher à récupérer ces centres qui, à bien voir, répondent bien aux missions qui lui sont dévolues, pour lesquelles il sera demandé au gouvernement de créer une administration pour la gestion de ce secteur. « Le champ qui lui  est donné est plus vaste que ce qu’il réclame. C’est question d’avoir une vision sur ce que l’on veut faire », fait constater un expert en la matière.

En attendant, ces querelles intestines, qui ressemblent aux querelles des investitures, risquent de se constituer une épine sur le pied de l’éducation et l’encadrement de la jeunesse en RDC.

 

Lucien Dianzenza

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