Centrafrique : un expert de l’ONU demande la protection des déplacés, la FIDH plaide pour l’envoi des Casques bleus

Mercredi 8 Janvier 2014 - 12:50

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

La communauté internationale doit de toute urgence fournir les ressources adéquates pour faire face aux besoins de protection et d’assistance d’un nombre croissant de personnes déplacées par les violences en République centrafricaine, a prévenu aujourd’hui un expert de l’ONU alors que la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) exige la mise en place d’une force onusienne dans le pays

« Le nombre de personnes déplacées a augmenté considérablement au cours des dernières semaines. L’accès immédiat des agences humanitaires à ces personnes, y compris à celles qui ont trouvé refuge dans l’enceinte de l’aéroport de Bangui, doit être garanti dans les meilleurs délais », a déclaré le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays. Chaloka Beyani a lancé cet appel alors que, selon les dernières estimations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, près d’un million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, dont plus d’un demi-million dans la capitale, soit les deux tiers de la population de Bangui.

De son côté, le président de la FIDH, Karim Lahidji plaide pour l’urgence de l’envoi de Casques bleus. Il justifie son point de vue par le fait que depuis l’attaque menée dans la capitale centrafricaine, le 5 décembre dernier, par les anti-balaka (anti-machettes) contre les éléments de la Séléka, le bilan des conflits inter-communautaire est d’au moins 752 morts et de plus de 300 blessés.

« Ce bilan est effroyable d’autant qu’il s’ajoute aux nombreux crimes – meurtres, enlèvements, viols, pillages, commis par des éléments de la Séléka depuis le coup d’État du 24 mars 2013. La population civile est en totale insécurité. On ne peut que redouter le pire si la communauté internationale ne réagit pas en conséquence », a-t-il déclaré.

Le bilan global sur l’ensemble du pays porterait à plus d’un millier le nombre de morts : des centaines de blessés, de viols, de maisons incendiées ont engendré un million de déplacés en Centrafrique à ce jour. « La FIDH est vivement préoccupée par la situation de chaos qui prévaut, en dépit du renforcement des troupes de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) et de l’intervention de l’armée française validés par la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 5 décembre 2013 », souligne l’organisation de défense des droits de l’homme dans un communiqué.

Et la FIDH de poursuivre : « Cette situation nécessite le déploiement urgent de troupes internationales supplémentaires en RCA. La FIDH appelle ainsi l’Union africaine à renforcer les éléments de la Misca. Par ailleurs, la FIDH insiste, depuis son enquête sur la situation en RCA, sur l’importance de l’établissement rapide d’une opération onusienne de maintien de la paix en Centrafrique. Seule une telle mission permettrait de déployer les moyens humains, logistiques et budgétaires suffisants pour garantir la sécurité de la population à Bangui, mais aussi sur l’ensemble du territoire centrafricain. »

La FIDH a appelé la Communauté économique des États d’Afrique centrale, qui tient un sommet extraordinaire le 9 janvier à N’Djamena, et l’Union africaine, réunie en sommet du 24 au 31 janvier 2014, « à requérir la transformation de la Misca en opération onusienne de maintien de la paix et demande aux membres du Conseil de sécurité d’examiner le plus rapidement possible le rapport du secrétaire général sur les modalités d’une telle mission pour en garantir son déploiement dans les plus brefs délais ». Elle souhaite que la communauté des États se mobilise massivement pour venir en aide à la Centrafrique, notamment lors de la réunion des donateurs qui devrait se tenir le 1er février 2014 à Addis Abeba. En effet, l’appel à contributions lancé par les Nations unies pour financer les besoins humanitaires dans ce pays n’a pas obtenu les réponses suffisantes pour faire face à la situation de crise.

Après une interruption de trois semaines du fait des violences, les Nations unies ont repris la distribution de vivres destinés à environ cent mille personnes qui se trouvent à Bangui. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué des vivres, des seaux, des bâches et des containers d’eau fournis par d’autres organisations à environ cent mille personnes qui ont trouvé refuge à l’aéroport de Bangui. Il espère atteindre l’ensemble des personnes déplacées au cours des dix prochains jours. Le PAM s’est déclaré toutefois profondément préoccupé par la détérioration de la situation en matière de sécurité dans le nord-ouest du pays et a exhorté toutes les parties au conflit à assurer un accès sûr aux personnes dans le besoin.

Le secrétaire général de la FIDH, Paul Nsapu, a souhaité qu’une réponse rapide soit trouvée à la crise en Centrafrique. « La mise en place d’une opération onusienne de maintien de la paix permettrait, outre son volet sécuritaire, de répondre à la crise par une approche holistique comprenant le soutien nécessaire aux institutions de la transition et la protection des droits humains, particulièrement la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves », a-t-il précisé.

Nestor N'Gampoula