Santé publique : un audit révèle des dysfonctionnements au CNTSMercredi 19 Juillet 2017 - 19:00 Au cours des années 2013, 2014 et 2015, le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a ressemblé à la cour du roi Pétaud. De graves anomalies comptables et financières non justifiées, la mauvaise gestion du personnel avec des recrutements au gré des situations, un système d’approvisionnement, de stockage et de distribution de sang contre-performant ont entaché la structure ces trois ans durant. « Il faut tout revoir », a déclaré Alain Nséké Kingué, expert associé, directeur technique Rainbow Finance SA, le cabinet ayant réalisé et restitué l’audit du CNST. Sur le plan financier, des sondages sur les pièces de dépenses ont révélé, entre autres anomalies, la double prise en charge des dépenses. Cela dit qu’il y a eu notamment des commandes de consommables médicaux payées deux fois à coût de millions. L’auditeur a, par ailleurs, évoqué un suivi non fiable des restes à payer. Un exemple de suivi de mandats de reste à payer de 2013 dans le registre du directeur administratif et financier, le révèle : solde à l’ouverture 107.939.219 FCFA et à la clôture le montant change : 273.933.451 FCFA. Le non-respect des prescriptions réglementaires renforce le dysfonctionnement décrié. Les budgets annuels des trois années ici évoquées n’ont pas été dûment autorisés par le Comité de direction en début de l’exercice, contrairement au règlement financier et aux instructions budgétaires et comptables. Aussi, sur le personnel, le tableau est sombre. Pas de plan de recrutement et donc un déséquilibre entre les fonctions métiers et les fonctions d’accompagnement. Autant dire, le personnel administratif dépassait en nombre le personnel technique dont les métiers sont intimement liés à la vocation première du CNTS. « Les proportions par rapport aux missions assignées au CNTS sont déséquilibrées et génèrent des coûts additionnels non indispensables qui grèvent l’optimisation des ressources disponibles et l’efficacité de la mission et du métier central de la structure », a expliqué l’auditeur Alain Nséké Kingué. A propos du sang… Une faiblesse de la gestion des stocks a été constatée. La chaîne d’approvisionnement stockage-consommation-distribution n’est en effet pas optimisée. Les rapprochements et la justification des mouvements et soldes entre les différentes étapes stock initial-entrées-sorties-stock final ne sont pas effectués non plus. La justification des consommations des poches de sang réparties en ventes facturées-gratuités-péremptions n’est pas effectuée. La variation du coût d’alimentation est anormale et indique un surcoût en 2013 par rapport à 2014 et 2015. De façon chiffrée, le coût moyen de l’alimentation par donneur s’élevait à 1368 FCFA en 2013, contre 771 FCFA en 2014 et 368 FCFA en 2015. Un motif de découragement des donneurs capable de causer des pénuries. Le directeur du CNTS a dit… L’audit réalisé par Rainbow Finance SA n’épingle en rien la gestion de l’actuel directeur du CNTS, Arsène Bikoué, qui a pris ses fonctions le 8 décembre 2016. Dans son mot de circonstance, il a salué l’initiative du ministère de la Santé et de la population visant le déclenchement des audits des structures sanitaires nationales. « Les audits nous permettent de connaître pour redresser, connaître pour moderniser », a-t-il déclaré en évoquant quelques réformes qu’il a réalisées. Entre autres, l’amélioration de la qualification biologique en achetant 4 chaînes Elisa dont deux fonctionnelles à Brazzaville et deux à Pointe-Noire alors que la ville a passé cinq ans sans matériel de qualification biologique. Depuis décembre 2016 selon lui, il n’y a plus de rupture de sang car le don bénévole a été renforcé en instaurant la journée nationale du donneur... En rappel, la restitution de l’audit du CNTS, le 19 juillet à Brazzaville, a été faite en présence notamment des représentants de la gendarmerie nationale, de la police administrative, de la Commission de lutte contre la corruption, du ministère des Finances, de la primature et la présidence de la République. Tout le monde a compris que beaucoup reste à faire pour optimiser les performances du CNTS qui a la vocation de sauver des vies humaines en ayant suffisamment du sang disponible. Rominique Nerplat Makaya Légendes et crédits photo :Photo 1 : le siège du CNTS
Photo 2 : le directeur du CNTS félicitant les auditeurs
Crédit photo Adiac Notification:Non |