Apatridie : l’Afrique de l’Ouest adopte un plan d’éradication du phénomèneMercredi 10 Mai 2017 - 11:30 La communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a adopté officiellement le mardi 9 mai, lors d’une conférence ministérielle à Banjul, en Gambie, un plan d’élimination du phénomène de privation de nationalité, appelé apatride.
« L’Afrique de l’Ouest se pose en leader de la lutte contre l’apatride en Afrique et dans le monde », selon le texte rendu public à l’issue de cette réunion des ministres de la Justice et de l’Intérieur de la CEDEAO qui compte 330 millions d’habitants. Le document « énonce des mesures concrètes visant à tarir les sources de l’apatride, en palliant les insuffisances des lois sur la nationalité et les défaillances en matière de preuve de nationalité ». Il doit encore être entériné par les instances de la CEDEAO pour devenir un document légalement contraignant pour les Etats membres. En adoptant l’apatride, cet espace communautaire devient la première organisation régionale à lutter contre ce phénomène conformément au souhait du Haut-commissariat des Nations pour les réfugiés (HCR), qui avait lancé en novembre 2014 une campagne pour éradiquer ce phénomène. « Un million de personnes sont apatrides en Afrique de l’Ouest », a indiqué le Haut-commissaire assistant pour les réfugiés, Volker Turk, cité dans un communiqué conjoint de la CEDEAO et du HCR publié le même jour. « De plus, on estime à au moins 30% de la population le nombre de celles et ceux qui, dans la région, n’ont pas de papier prouvant leur identité ou leur nationalité », a-t-il ajouté. En Afrique de l’Ouest, l’apatride, due notamment à des législations restrictives en matière de transmission de la nationalité, concerne surtout la Côte d’Ivoire, où vivent de nombreuses personnes sans nationalité provenant du Burkina Faso. Dans son intervention lors de la réunion, Mohamed Ibn Chambas, le représentant régional du secrétaire général de l’ONU a indiqué que « les femmes et les enfants souffrent tout particulièrement des situations d’apatride, lorsque les pratiques culturelles de la législation interdisent aux femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants, surtout ceux nés hors de leur pays » Pour sa part, Liz Ahua, représentante du HCR pour l’Afrique de l’Ouest a déploré le fait que « certaines lois sur la nationalité contiennent encore des discriminations basées sur le genre ou l’appartenance ethnique et raciale ». Rappelons que c’est à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, que les 15 Etats de la CEDEAO avaient adopté le 25 février 2015 une déclaration qui reconnaît l’apatride comme un fléau en Afrique de l’Ouest et s’étaient engagés à mettre fin à ce phénomène d’ici 2024. Nestor N'Gampoula Notification:Non |