Les 25 ans du Protocole de Brazzaville : « Pour Cuba, c’est une fierté d’avoir échangé avec le peuple africain », a rappelé Alba Beatriz Soto Pimentel

Jeudi 12 Décembre 2013 - 16:00

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Le 13 décembre 1988, sous la houlette du chef de l’État congolais Denis Sassou N’Guesso, était signé le protocole de Brazzaville, marquant la conclusion des négociations quadripartites entre Cuba, l’Angola, l’Afrique du Sud sous la médiation des États-Unis d’Amérique. Ce protocole donna lieu à la signature des accords du 22 décembre 1988 à New York sur la paix en Afrique australe. Il ouvrit la voie, entre autres, à l’indépendance de la Namibie, à la fin de l’apartheid, à l’avènement de la nouvelle Afrique du Sud et à la libération de Nelson Mandela. L’ambassadrice de Cuba au Congo, Alba Beatriz Soto Pimentel, nous édifie sur le sens de cet accord

Les Dépêches de Brazzaville : Le 13 décembre, le Congo organisera la cérémonie commémorative des 25 ans du protocole de Brazzaville sur la paix en Afrique australe. Que représente pour vous cette célébration ?

Alba Beatriz Soto Pimentel : Cette célébration est très importante pour nous, car il est de notre devoir d'apporter des éclaircissements à la nouvelle génération qui n’a pas vécu l’histoire, afin qu’elle sache les raisons de la présence des Cubains en Afrique.

LDB : Quel souvenir avez-vous de cet accord ?

A.B.S.P. : Très souvent, lorsque l’on parle de la signature de cet accord, de la libération des pays de la sous-région, on parle du retrait des troupes cubaines. En réalité, le sens de cet accord était la libération de la Namibie et de l’Angola afin de maintenir la paix dans la sous-région. Pour Cuba, c’est une fierté d’avoir échangé avec le peuple africain.

Lorsque la situation s’était dégradée en Angola, et que nombreux avaient tourné le dos à la paix lancée par Nelson Mandela, Cuba a sacrifié le sang de ses enfants suite à la demande de ses frères angolais. La nouvelle génération doit savoir ce qui s’est réellement passé.

LDB : Finalement de quoi s’agissait-il ?

A.B.S.P. : En fait, il s’agissait de la lutte des frères angolais que nous avons accompagné, qui a mis en mauvaise posture le but des envahisseurs. Cuito Cuanavale avait été mentionné par Nelson Mandela comme un point de réflexion ayant marqué la victoire sur les envahisseurs.

LDB : Que signifie la bataille de Cuito Cuanavale ?

A.B.S.P. : C’est la bataille qui mit fin à l’apartheid. À ce propos, Fidel Castro avait déclaré : « Nous ne luttons ni pour la gloire ni pour les honneurs ; nous luttons pour les idées que nous estimons justes. » La bataille de Cuito Cuanavale a débuté dans le sud-est de l’Angola, où les forces armées de l’Afrique du Sud de l’apartheid se heurtèrent à l’armée cubaine et aux forces angolaises.

Le discours prononcé par Nelson Mandela a une grande signification pour Cuba. Ce discours est resté gravé dans la mémoire des Cubains. Nelson Mandela a très bien expliqué la présence cubaine et les racines de l’ANC. La racine de cette lutte de l’indépendance était l’essence des reflets qu’ils ont eus en Afrique. C’est ainsi qu’il déclara : « Cuito Cuanavale a marqué le tournant de la lutte de la libération de mon continent et de mon peuple contre le fléau de l’apartheid. »

Souvent, le monde occidental explique et tente d’expliquer la lutte de l’indépendance de cette zone comme résultat de la confrontation de ce qu’on appelait hier des deux blocs existants. Réellement, dans cette région, il y a eu une particularité : le désir d’autonomie, de liberté, d’indépendance du peuple autochtone qu’on ne doit pas mépriser. Au total, 2.000 Cubains ont perdu la vie en combattant avec leurs frères africains. Nous n’oublierons jamais cette phrase de Nelson Mandela à propos de la lutte du peuple cubain lorsqu’il déclara : « Le peuple Cubain occupe une place particulière dans le cœur des peuples africains. Les internationalistes cubains ont porté une contribution à l’indépendance, la liberté et la justice en Afrique. »

LDB : Qu’est-ce que l’ambassade de Cuba a prévu pour cette célébration ?

A.B.S.P. : Nous allons nous conformer au programme du gouvernement.

Propos recueillis par Yvette Reine Nzaba

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

Alba Beatriz Soto Pimentel répond aux questions des Dépêches de Brazzaville.