Couleurs de chez nous: Zig Zag !

Lundi 14 Novembre 2016 - 10:49

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D’aucuns penseront à un jeu ou à un lieu de détente bien connu à Brazzaville. Un jeu peut-être car la pratique ici décrite fait partie des traits de Brazzaville et se répand de plus en plus dans d’autres villes et localités du pays.

Pour contourner les bouchons sur les grandes artères et avenues de leurs villes, les automobilistes sortent de la chaussée pour aller « zigzaguer » dans les rues et ruelles. Donc, dans les quartiers. Un jeu qui réussit mais qui souvent déçoit ses adeptes en faisant aussi des victimes parmi les passagers.

L’un des cas vécus est celui de cet homme qui, parti de chez lui pour son poste de travail, a dû être ramené dans sa ruelle parce que le bus était en train de zigzaguer à la recherche d’un itinéraire de salut. Or, pour échapper à l’interpellation de ses enfants, notre homme a dû quitter sa maison très tôt. Assurément, il n’avait pas assez de ressources pour le petit-déjeuner de sa progéniture. Partir à la bonne heure le sauvait. Hélas ! Ramené par ce bus zigzaguant, ce père fuyard a finalement été aperçu et reconnu par ses enfants malgré ses efforts à se courber pour se dissimuler. Tel un essaim d’abeilles, la bande d’enfants s’est mise à la poursuite du bus en criant : « Papa, tu n’as pas laissé l’argent du pain ! »

Les propos, répétés tel un refrain, et en lingala (une des langues nationales) par d’autres enfants ont mis le père hors de lui. Dépité, il n’a pas hésité de vomir sa bile sur le conducteur du bus et le contrôleur en les traitant de tout sauf de rien mais surtout de « destructeurs de foyers et de traîtres ». Non contents des accusations à leur encontre, le conducteur et le contrôleur, un tandem de « forts en gueule », se sont lancés dans la querelle. Une dispute rendue vive par les autres passagers qui en ont rajouté. Résultat : l’infortuné a été déposé dans la rue et à la merci de ses enfants, ravis de retrouver le père et, partant, le pain du matin. C’est avec bonheur qu’ils l’ont escorté vers la maison pour une solution négociée.

En dehors de cette scène hilarante, il en existe bien d’autres. Lassés de voir les véhicules passer dans leurs rues, certains habitants érigent des barricades alors que d’autres vont jusqu’à creuser des trous qu’ils recouvrent en tendant insidieusement un guet-apens aux aventuriers qui fuient les grandes artères.

Ils sont nombreux à y avoir laissé leurs roues dans ces pièges de la cité. Sans compter ceux qui sont contraints d’y passer la journée avec une recette du jour au rabais parce qu’obligés de débourser pour acheter le secours des « enfants du quartier ».

Ainsi vont les choses chez nous, au Congo. On pourra indexer l’état des routes. Ce qui n’est pas exclu. Mais quid du comportement des automobilistes ? Impatients et incapables d’observer le code  de la route, ils le payent généralement sous la forme ci haut décrite.

 

 

Van Francis Ntaloubi

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