Rwanda-France : Vingt-deux officiers supérieurs français accusés d'implication dans le génocide de 1994Mercredi 2 Novembre 2016 - 12:15 En réponse à la décision de deux juges français de relancer l'enquête sur l'attentat contre l'ex-président Juvénal Habyarimana, la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG) a publié une liste de 22 officiers supérieurs français qu'elle accuse d'implication dans ce génocide. Dans un rapport intitulé « La manipulation du dossier de l’avion d’Habyarimana, une occultation des responsabilités françaises dans le génocide », cette commission rwandaise incrimine les intéressés en ces termes : « Des hauts-gradés français et des personnalités politiques ont commis au Rwanda des crimes très graves (…). Des acteurs français ont été impliqués dans le génocide, en tant qu'auteurs et complices ». Ces officiers sont donc accusés de complicité mais aussi de participation aux massacres. Selon le CNLG, le général Jacques Lanxade, ancien chef d'état-major de l'armée française, et le général Jean-Claude Lafourcade, qui commandait la force turquoise déployée le 22 juin 1994 au Rwanda sous mandat de l'ONU, figurent parmi les personnes accusées. Pour la CNGL les choses sont claires, puisque la récente décision française de relancer l'enquête sur l'attentat contre l'avion de Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, « vise à camoufler » la responsabilité française dans le génocide. Ce n’est pas pour la première fois que Kigali s’en prend de la sorte à Paris dans le cadre de cette affaire. En effet, depuis des années, un bras de fer oppose les deux parties parce que les autorités rwandaises accusent la France de participation au génocide, qui a fait environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi. La relation déjà houleuse entre les deux pays a pris un nouveau tournant depuis que la justice française a rouvert une enquête, afin d'entendre le témoignage d'un ancien chef d'état-major rwandais, accusant l'actuel président Paul Kagame d'avoir été l'instigateur de l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana. L'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion présidentiel, au cours duquel fut tué ce président hutu, est considéré comme l'événement déclencheur de ce génocide. Une décision rendue à Paris après la plainte des familles de l'équipage composé de Français avait provoqué la colère de Kigali alors que ce dossier avait déjà provoqué entre 2006 et 2009 une rupture des relations diplomatiques franco-rwandaises. Le 10 octobre denier, Paul Kagame a menacé la France d'une nouvelle rupture diplomatique. Nestor N'Gampoula Notification:Non |