Sida : c’est qui le premier malade des origines ?

La recherche américaine vient de publier une nouvelle étude scientifique écartant Gaétan Douglas, un Canadien francophone du Québec, d’un primat mondial lourd. Dans ‘Nature’, la célèbre revue scientifique américaine, une équipe conduite par le Dr Michael Worobey soutient que c’est bien en Afrique, au Zaïre, que la maladie est « née » dans les années 1970. Les recherches menées avec soin par l’université de l’Arizona ont permis, après étude de plus de 2000 cas, de dater la présence du Sida aux Etats-Unis à 1970 ou 1971.

Mais les chercheurs ont pu également attesté que Gaétan Douglas, un Québécois homosexuel, steward de la compagnie Air Canada, n’était pas le premier malade au monde. L’histoire véhiculée jusqu’ici voudrait que l’homme, décédé effectivement du Sida en 1984, ait été infecté après un voyage dans les Caraïbes et qu’à son retour au Québec il ait à son tour infecté d’autres personnes. Faisant ainsi, pendant un moment, de l’Amérique du Nord et surtout des Etats-Unis, le principal foyer de diffusion du mal.

Les nouvelles recherches publiées la semaine dernière tendraient à soutenir que Douglas n’était qu’un parmi des milliers d’autres malades à succomber du Sida, pas le premier. A rappeler que le Sida n’a été classé comme maladie qu’à partir de 1981. Que s’est-il passé dans l’espace ? Les recherches tordent le cou à une autre assertion assez discutée : en Amérique du Nord, le foyer de diffusion de la pandémie n’est pas San Francisco mais bien New York.

En tout cas, des Africains ne sont pas loin de crier au complot, estimant que renvoyer à l’Afrique le « fardeau » de la responsabilité de diffusion d’une maladie aussi terrifiante est bien commode. Car tout semble très (trop) facilement établi : la maladie aurait pris naissance à Kinshasa, pour gagner les Caraïbes et enfin les Etats-Unis, dans la communauté homosexuelle et toxicomane. Comme si elle était prédestinée à la communauté noire, aux Caraïbes et aux Etats-Unis, Gaétan Douglas n’ayant été qu’un « accident ».

« New York fut le point de rencontre à partir duquel le HIV s’est diffusé sur la côte occidentale (des Etats-Unis), et de là en Europe occidentale, l’Australie, le Japon, l’Amérique du sud et le reste du monde », soutient le Dr Worobey. Mais si par « reste du monde » on entend aussi l’Afrique, il ne fait aucun doute que les lignes de départ et d’arrivée de la maladie peuvent être inversées !