Éducation : la rentrée scolaire perturbée à Kinshasa

Lundi 5 Septembre 2016 - 18:05

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Alors que la veille de nombreux parents s’activaient pour réunir les fournitures scolaires requises pour garantir à leur progéniture une rentrée des classes sans encombre, une frange de l’opposition considérée comme extrémiste est montée au créneau pour appeler à une « journée sans école » le 5 septembre.

Des tracts ont été lancés sur les différentes artères de la capitale pour dissuader les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l‘école le lundi inaugurant l’année scolaire 2016-2017. À la base de cette initiative, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’étienne Tshisekedi et les autres partis affiliés au Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. La motivation qui sous-tend cette action est d’ordre social et procède de la volonté de ses organisateurs « d'attirer l'attention de l'opinion sur les maux qui rongent le système éducatif en RDC ».

L’argumentaire que développe l’UDPS pour soutenir son action allie revendications politiques et sociales avec, en filigrane, la recherche de l’inclusivité du dialogue dans les conditions telles qu’explicitées dans le cahier des charges récemment transmis à la présidente de la Commission de l'Union africaine. L’UDPS voulait, par cette action, conscientiser sur le dysfonctionnement du système éducatif national tout en  interpellant l’autorité politique quant à sa responsabilité de garantir l’éducation pour tous via la gratuité de l’enseignement primaire tel que le dispose la Constitution à son article 43.

Au-delà, l’UDPS et ses alliés réclamaient une meilleure prise en charge des enseignants, la baisse des frais scolaires et l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des parents. Le Rassemblement avait bien joué le coup voulant correspondre cette action à la reprise le 5 septembre des travaux du dialogue après une trêve de 72 heures décrétée par la facilitation aux fins de tenter de convaincre les réfractaires à rejoindre le processus. C’était, comme qui dirait, le premier acte des actions de désobéissance civile que le Rassemblement entend initier en ce mois de septembre pour faire fléchir le gouvernement dans son obstination à ne pas céder à ses préalables en rapport avec la tenue du dialogue.     

Instrumentalisation des élèves

Dans l'opinion, l’initiative n’a pas eu du répondant dans le chef des parents, qui ont totalement désapprouvé la démarche de l’UDPS et compagnie. L’Association des parents des écoles protestantes a dit « non » et a dénoncé, au passage, l’instrumentalisation de la rentrée scolaire à des fins politiques. Mêmement pour le Syndicat des enseignants du Congo. Cette structure déclare avoir déjà transmis au gouvernement son cahier des charges dont elle attend des réponses idoines quant à ses revendications. Pour tout dire, la « journée sans école » décrétée par le Rassemblement a été boudée par de nombreux parents qui, paradoxalement, ont préféré garder leurs enfants à la maison par peur des représailles promis par les militants de l’opposition.

Si une infime minorité a bravé le mot d’ordre en se rendant à l’école, la majorité d’élèves sont restés afin de parer à toute éventualité dans un contexte politique délétère où tout peut arriver à tout moment. Dans les différentes communes de Kinshasa, les élèves en uniformes bleus et blancs présents sur la voie publique étaient à compter au bout de doigts. La présence des policiers anti-émeutes postés en grand nombre dans des coins stratégiques pour prévenir un quelconque désordre avait dissuadé de nombreux élèves à rebrousser chemin.  

Certaines écoles de la banlieue kinoise n’ont même pas ouvert leurs portes et d’autres n’ont présenté aucun signe de rentrée des classes, élèves et professeurs ayant brillé par leur absence. Dans la ville haute cependant, la rentrée a été effective dans plusieurs écoles et les premiers enseignements ont été dispensés aux élèves venus en nombre. Sans ambages, le gouvernement a condamné avec la dernière énergie cette énième initiative de l’opposition, y voyant une manière d’utiliser les enfants à des fins politiques.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des élèves dans une classe

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