Sondage Les Points : des Kinois plébiscitent les politiciens congolais les plus crédibles

L’Institut de sondage Les Points vient de publier, le 1^er septembre, les résultats de son étude réalisée du 29 au 30 août sur les politiciens congolais les plus crédibles. Cette enquête, a noté l’Institut de sondage, n’est ni une intention de vote ni une cote de popularité mais un jugement de l’opinion porter sur les hommes politiques en fonction des différentes actions et ne fait nullement intrusion dans leur vie privée.

Selon les sondés, la première catégorie constituée des acteurs politiques jouissant d’une opinion largement favorable est dominée par Michel Bongongo, professeur d'université et actuelle secrétaire général de l’UFC et de l’Opposition républicaine dirigée par le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo. Pour les personnes interrogées, en effet, le ministre d’État chargé du Budget est sans aucun doute le ministre le plus crédible du gouvernement Matata 2, depuis sa guerre contre les réseaux mafieux sur le détournement de la paie des fonctionnaires de l’État. Lui accordant 71% d’opinions favorables, la population reconnaît également de Michel Bongongo les valeurs chrétiennes qui fondent son honnêteté dans la gestion des responsabilités qui lui sont confiées.

La seconde marche est occupée par Raymond Tshibanda, avec 68% d’opinions favorables. Il est reconnu à l’actif du ministre des Affaires étrangères, homme de l’ombre, modéré et attaché aux valeurs républicaines, plusieurs efforts fournis pour redorer l’image de marque de la République longtemps ternie. « Il est considéré par ses collègues politiciens comme l’homme du consensus et sa loyauté à son autorité morale est incontestable », a relevé cette étude.

Classé troisième, avec 65%, Gilbert Kiakwama Kia Kiziki, un des anciens caciques du régime Mobutu, a occupé plusieurs fonction dans le portefeuille de l’État et au gouvernement. « Très apprécié pour ses interventions et prises de position, il est l’un des rares opposants farouches au régime Kabila dont le nom ne figure pas sur la liste de ceux qui flirtent avec le pouvoir », est-il noté de lui. Il est talonné par l’actuel ministre de la Santé publique, Félix Kabange Numbi Mukwampa, quatrième, avec 64%. Médecin de son état, l’enfant terrible de la majorité présidentielle (MP) a connu une carrière politique météorique. À la tête des plus d'une dizaine des députés, il est compté parmi les politiciens incontournables de la MP. « Loyal et attaché à son autorité morale, il fait partie de la nouvelle classe politique disposant d’une forte machine de mobilisation pour sa famille politique », reconnaissent les sondés.

L’ancien secrétaire permanent du Palu, le Pr Willy Makiashi, vient à la cinquième position, avec 62%. Actuel vice-Premier ministre et ministre chargé du Travail et de la Prévoyance sociale, ce professeur d’université est l’un des idéologues du Palu et proche du patriarche Antoine Gizenga. Cité parmi les dauphins du patriarche Gizenga, il voit ses chances s’amenuiser à la suite de la guerre de succession qui n’épargne actuellement aucun grand parti politique. Ses actions menées au sein du gouvernement, dans le cadre de la promotion de l’emploi, ne cessent de marquer l’opinion. Sa dévotion au Parti lumumbiste unifié et sa fidélité au patriarche Antoine Gizenga lui valent une fière chandelle.  Alors qu’un autre professeur d’université, Florentin Mokonda Bonza, ancien directeur de cabinet du feu maréchal Mobutu et sénateur de l’ex-Province orientale dont la visibilité politique est facteur de ses remarquables interventions à la tribune du Sénat sur les questions d’actualité, vient après lui. Les sondés se souviennent également de sa contribution à l’adoption de plusieurs textes de loi notamment en matière économique. « Il est, aux yeux de l’opinion, le principal pourfendeur de l’actuel Premier ministre », note l’étude.

Le président du MDD, Christophe Lutundala, occupe la septième marche du podium. Cet éminent juriste et député national a connu des passages remarquables dans différents bureaux de la chambre basse depuis Mobutu jusqu’à la transition. Actuellement dans l’opposition, il est le seul frondeur du G7 apprécié pour son tempérament et ses analyses. Il est crédité de 61% d’opinions favorables. Christophe Lutundala est suivi de Floribert Mbatshi Batshia, homme d’affaires et ancien gouverneur du Kongo central 2006-2011. Député élu de la circonscription électorale de Lukula et ancien ministre de l’Économie, il est respecté pour ses analyses et prises de décisions consensuelles. Sa lutte autour des idéaux de sa formation politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) ont suffisamment convaincu l’opinion, qui l’a crédité de 60 % de crédibilité, faisant de lui l’occupant de la huitième marche de ce podium, ex-æquo avec Aubin Minaku.  Le président de l’Assemblée nationale, actuellement aux commandes de la MP, est l’un des dauphins pressentis du président Joseph Kabila. « Il s’est construit un réseau politique au niveau national en pesant de son poids sur le choix des gouverneurs de nouvelles provinces », notent les sondés.

Dixième de la liste, malgré la mesure de suspension de deux ans qu’il subit à cause de ses tribunes qui indisposent l’alliance entre le Palu et la MP, Adolphe Muzito, député élu de Kikwit, ancien Premier ministre et ministre du Budget, bénéficie d’une assise au sein de son parti à la suite de l’accumulation de la fortune pendant son passage à la primature. Pour les sondés, son ombre au sein de ce parti continue à marquer son influence.

Des acteurs politiques en observation

La deuxième catégorie relevée par cette étude menée par l’Institut Les Points est celle consacrée aux acteurs politiques en observation, c’est-à-dire en instance de passer en totale disgrâce ou en parfaite confiance vis-à-vis de l’opinion.

Selon cette étude, cette dernière est constituée de trois personnalités ayant obtenu 50% et plus. On y retrouve Denis Mukwege, médecin directeur de l’hôpital de Panzi dans le Sud-Kivu. Celui-ci a connu une forte visibilité couronné par les prestigieux prix internationaux obtenus grâce à son dévouement à la cause des femmes victimes des violences sexuelles. Adulé par la presse internationale, même sans base politique connue, sa renommée à atteint certains milieux de la République au point qu'il se prête des ambitions politiques au sommet de l’État. Il bénéficie de 53% de crédibilité. Alors que Lugi Gizenga (51%), actuel secrétaire permanent du Palu n’est pas passé inaperçu sur le plan politique.  Il jouit d’une renommée liée notamment à la lutte de son père. Pourtant son manque de maîtrise des troupes du Palu le fragilise face à son ancien parrain politique Adolphe Muzito. Toutefois, note l’étude, le poids de son parti le propulse devant Freddy Matungulu, ancien ministre des Finances du président Laurent Désiré Kabila, passé par l’école des institutions de Bretton Woods, qui clôture la liste des personnalités jouissant d'une opinion positive à Kinshasa avec 50%. Il nourrit des ambitions à la présidentielle. « Sans aucune cote de popularité, il se fait une visibilité en temps que membre actif de la dynamique de l’opposition où il peine à imposer sa notoriété politique », appuie l’étude.

Dans la troisième catégorie révélée par cette étude, constituée des acteurs politiques en totale disgrâce pour inconstance politique, on compte Olivier Kamitatu dont les mutations des dernières années (MLC, MP avec l’ARC puis frondeur avec le MSR) ne cessent de faire tâche d’huile dans sa carrière politique.