Vatican : symposium de solidarité avec l’Afrique

Lundi 2 Décembre 2013 - 10:37

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Parmi les invités de marque à ce symposium, le cardinal Laurent Monsengwo a rappelé que l’avenir du continent passait par le développement intégral de la personne

Le Vatican est certes coutumier des gestes et actes forts en faveur de l’Afrique, mais la rencontre organisée le 29 novembre est toute particulière. Ne serait-ce que par son intitulé qui explique pourquoi le symposium a drainé dans les allées du Vatican des experts interdisciplinaires des quatre coins du monde : « Pour un développement solidaire avec l’Afrique ». Initiative de la puissante Académie pontificale des sciences du Vatican, le symposium n’a pas consisté à égrener des théories misérabilistes sur un continent en retard, ni à pleurer sur l’égoïsme d’un monde qui la regarderait se noyer sans ciller.

Il s’est agi de passer en revue les atouts des économies africaines et de la gouvernance, les faiblesses et les points concrets d’arrimage à la marche du monde. Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, y a fait valoir la position de l’homme d’Église. La recette pour le futur de l’Afrique, a-t-il soutenu, passe par « un développement intégral, solidaire et durable ». Le cardinal s’est dit opposé à la poursuite des seuls indicateurs macro-économiques, qui aboutirait à une croissance économique sans solidarité. Ou, qui tolérerait que l’économie s’améliore dans un contexte paradoxal d’augmentation du chômage et des inégalités.

Le cardinal Monsengwo a fortement stigmatisé les politiques d’exploitation des ressources minières dans les pays du continent comme la République démocratique du Congo. Il a souligné combien étaient iniques de telles politiques, qui se mènent à côté et dans l’insouciance, notamment des « besoins essentiels qui auraient pu constituer des priorités : l’alimentation, l’éducation, la santé, la maison et, toujours, la liberté humaine ».

Le cardinal Giovanni Battista Re, grand commis du Vatican où il a assumé diverses charges importantes auprès du pape Jean-Paul II surtout, charges qui l’ont amené à sillonner l’Afrique dont il est fin connaisseur, a souligné que le continent avait besoin de mots mais aussi d’action. Missionnaires et experts relevant des milieux d’Église ont été unanimes à souligner que l’avenir de l’Afrique ne se construira pas sans puiser dans son âme originale, empreinte de tant de positive religiosité. Toutes ces interventions se sont déroulées devant le regard d’une personne fortement intéressée : la ministre italienne de l’Intégration, Cécile Kyenge Kashetu, d’origine congolaise.

Émouvante a été ensuite la montée sur le podium de deux albinos venus de Tanzanie. Ils ont été présentés par Cristiano Gentili, fonctionnaire international qui a fortement stigmatisé les pratiques pouvant retarder la réalisation de cette Afrique développée que tout le monde appelle de ses vœux. Dans des pays comme le Burundi, le Kenya, la Tanzanie ou le Malawi, a-t-il dénoncé, les albinos sont traqués, tués et dépecés, leur corps étant supposé être source de vertus magiques.

Le symposium s’est achevé par la remise, sur décision des autorités du Burkina Faso, de titres « honoris causa » de l’université de Ouagadougou à de grands avocats de la cause africaine : le cardinal hondurien Oscar Maradiaga, qui dirige au Vatican la grande organisation de charité Caritas internationalis ; Romano Prodi, ancien président de la Commission européenne et Premier ministre italien, aujourd’hui représentant du secrétaire général de l’ONU pour le Sahel. Mais aussi Paolo Scaroni, administrateur délégué du géant pétrolier italien ENI. Il a été distingué pour les efforts de sa société à concilier économie, développemement durable intégré et respect des populations.

Lucien Mpama