De quelle Afrique rêvons-nous ?Vendredi 6 Décembre 2013 - 10:08 Question difficile, dans la mouvance perpétuelle que nous vivons. L’avantage, c’est que rien ni personne ne peut nous empêcher de rêver et de penser. Le plus dur est de concrétiser nos rêves En premier lieu, si nous devons parler des relations entre la France et l’Afrique, il faut être direct, clair et réaliste. L’Afrique a besoin de la France et la France a besoin de l’Afrique. Je possède ces deux cultures, je suis donc à même d’en parler. Le poids de l’histoire ne doit pas rester une actualité. Il faut le dépasser. Les économies de l’Afrique de l’Ouest bondissent grâce à des structures qui osent investir. Ce qui est bon pour la croissance… Mais cela pourrait être encore mieux globalement ! Mais de quelle Afrique parlons-nous ? Les codes traditionnels (expression qui fait peur) sont brisés et datés. Mon Afrique est aussi multiple que sa population et aussi créative que ses cultures. Mon Afrique est une Afrique 2.0, connectée au monde entier et qui en tire des bénéfices. Son économie est en ébullition, mais il faut y ajouter le nécessaire, c’est-à-dire nous, le capital humain de demain. La jeunesse d’aujourd’hui va et vient dans ce monde qui ne fait qu’un. Apprendre des autres pays est donc indispensable, mais il ne s’agit pas pour autant de mimer ce qui s’y passe. L’Afrique est diverse, il faut donc s’adapter à elle, et surtout il faut qu’elle crée ses propres systèmes. Je crois que le panafricanisme est la clé. Puiser sa force, et pas uniquement les matières premières, chez son voisin est une vision qui devrait être davantage utilisée. L’entraide, par exemple, est quelque chose que les familles connaissent. Alors, pourquoi ne pas l’anoblir en l’essaimant entre États ? Oui, j’insiste, l’entraide peut devenir économique et ne doit pas être limitée à une entraide d’urgence venant des institutions internationales en périodes de crise. Deuxièmement, en France, on considère gentiment que l’Afrique se réveille. Mais a-t-elle dormi ? Écrasée par le poids de son passé, elle se relève et il faut à présent lui indiquer le bon chemin. Eh oui, le GPS fait partie de cette Afrique 2.0. Il faut inventer « quelque chose de nouveau » : plus qu’un investissement financier, c’est une nouvelle façon de penser qui doit voir le jour. De Brazza à Paris, les choses bougent : des entreprises se créent, des partenariats naissent, et il n’est plus question d’attendre. En effet, ma génération n’attend pas. Aussi rapides que la 4G, nous voulons tout, tout de suite. Certes, c’est un mal pour un bien, mais au moins cette ubiquité instaure une dynamique : les choses bougent. En outre, mon Afrique ne se limite pas au pétrole qui est emprisonné dans un cycle à court terme, mais elle se bâtit sur du long terme. Croire au long terme, c’est commencer à investir dans l’éducation. Ce n’est pas une nouvelle thématique, nous en parlons depuis bien longtemps, mais parler ne suffit plus. In fine, l’éducation est un grand mot qui peut réduire de nombreux maux. D’ailleurs, que dire de l’insécurité et de la corruption dans mon Afrique hyperconnectée ? Elles existent partout, nul besoin d’aller en Afrique pour les rencontrer ou les vivre. Malheureusement, elles existent, mais elles mourront avec leurs acteurs. Enfin, je finirai par ce qui m’est cher. Je suis fière d’avoir des cultures aussi belles que diverses. Nos peintres, nos écrivains, nos musiciens doivent être reconnus à leur juste valeur ! Ce sont eux les ambassadeurs de demain. C’est la pensée d’une optimiste un tantinet utopiste qui pense que le futur, c’est maintenant ! Grâce Loubassou Légendes et crédits photo :Grâce Loubassou est présidente de l’Association des étudiants de Sciences Po pour l’Afrique. Elle est étudiante en master communication à l’IEP de Paris. D’origine congolaise et ayant grandi en Haute-Normandie, elle veut promouvoir le dynamisme du continent africain auprès de la jeunesse de France. |