Département de la Likouala : les agents de l’Etat qui ne se conformeront pas aux lois de la République seront renvoyés

Lundi 4 Juillet 2016 - 20:00

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C’est ce qu’a déclaré le préfet de ce département au cours de la rencontre citoyenne avec la population, dans la salle de fêtes de la préfecture. Cette rencontre a porté sur son séjour à Brazzaville, les rumeurs sur son éviction, le fonctionnement du département, les dotations et autres.

Dans son adresse à la population, le préfet du département de la Likouala, Gilbert Djombo Bomodjo, leur a dit de façon claire : « Avant de revenir à Impfondo, j’ai dit au président de la République, qu’à mon arrivée, je vais recenser tous les agents de l’Etat. Ceux qui se comportent mal, qui volent de l’argent de l’Etat, qui ne se conforment pas aux lois de la République, qu’ils soient civils ou militaires, ils partiront de la Likouala. Comme ils sont habitués aux fiches, ils n’auront qu’à en faire davantage ».

S’agissant des agents de l’Etat sanctionnés par la préfecture au lendemain des présidentielles, le préfet Gilbert Djombo Bomodjo a dit qu’il a rencontré le président de la République (qui l’a invité) 9 fois. Cependant, en aucune fois, il ne lui a parlé de quoi que ce soit sur tout ce qui s’est dit à Impfondo où ailleurs à son sujet. Il en est de même des ministres. Il s’est réuni avec les ministres Henri Djombo, Gilbert Mokoki, Marius Mouambenga et le député Sabaye, aucun d’eux ne lui a dit quoi que ce soit sur cette affaire, sachant que ce n’est que normal. Toutefois, répondant à ses détracteurs, il a déclaré qu’en aucune fois la signature ne lui a été retirée.

Le nœud du problème

La loi prévoit qu’aucun administrateur ne peut battre campagne en sa qualité d’administrateur pour un candidat quelconque. Même lui le préfet, n’avait pas le droit d’aller recevoir Denis Sassou N’Guesso, pour la simple raison qu’il venait en tant que candidat à l’élection présidentielle et non en tant que chef de l’Etat. Et il en  devait être ainsi pour tous les candidats à l’élection présidentielle. Il n’est donc pas allé recevoir un quelconque candidat. Mais, d’où vient que si lui en tant que préfet n’est pas allé recevoir Denis Sassou N’Guesso qui, bien que candidat à cette élection, était encore président de la République ; qu’il y ait des cadres et agents de l’Etat qui aillent recevoir en grande pompe les autres candidats à cette même élection, à l’aéroport ?

« Il y avait une autre manière de sanctionner Denis Sassou N’Guesso au lieu de violer les lois administratives. Les urnes étaient l’unique moyen pour ces cadres qui étaient contre le président sortant de le sanctionner. Car en tant que cadre et agent de l’Etat, on n’a pas le droit de battre campagne contre l’exécutif. Le faire, c’est montrer qu’on ne connait pas l’administration. Dès lors, on est exposé aux sanctions en vigueur. La loi vous frappe. C’est ce qui s’est fait ».

Quant aux journalistes arrêtés à Betou (département de la Likouala), ce ne sont ni les gendarmes ni les policiers ni encore moins les militaires qui ont pris l’initiative de les arrêter. C’est bien lui-même le préfet, qui a intimé l’ordre de les arrêter. Le même jour, il a appelé le président de la République à 19h ainsi que son ministre de tutelle pour leur donner l’information de ce qu’il a fait arrêter les journalistes qui sont arrivés à Betou via Liranga sans autorisation préfectorale. « La radio France internationale (RFI) en a parlé, certes. Mais notre département est sensible. Nous ne pouvons pas accepter que des journalistes rentrent dans notre territoire sans informer aucune autorité, ce n’est pas normal. »

Il faut bannir le tribalisme

Le préfet du département de la Likouala a déploré aussi le comportement tribal des populations de ce département. Ce qui s’est passé à Liranga est une illustration parfaite de ce comportement xénophobe. Les populations de cette sous-préfecture ont passé à tabac monsieur Kanga, un sujet Mbochi, qui est allé remercier les populations de cette contrée pour avoir voté massivement le président Denis Sassou N’Guesso.

« Le tribalisme ne passe pas chez moi. Même le pouvoir de Brazzaville a compris que tous ceux qui n’aiment pas le préfet Gilbert Djombo Bomodjo sont ceux qui n’aiment pas le président Denis Sassou N’Guesso. Pourquoi commettre un tel forfait à monsieur Kanga. Un Mbochi n’est-il pas un Congolais ? »

Le préfet a stigmatisé l’ingratitude des gens de la Likouala vis-à-vis du chef de l’Etat. « Les gens de la Likouala sont très ingrats. Je ne serai jamais ingrat envers le président Denis Sassou N’Guesso. Ma première maison à Brazzaville dans la rue Banza 200, c’est Denis Sassou N’Guesso qui me la louait, alors lieutenant et moi élève au lycée. Mes premiers fauteuils dans ma vie, c’est lui qui me les avait achetés. Je ne pourrai jamais oublier ces bienfaits. Même s’il me relève au poste du préfet. Je l’ai connu en 1966 aujourd’hui, nous sommes en 2016, ça fait 50 ans. Je n’ai jamais demandé de protocole pour le rencontrer ».

Pour Gilbert Djombo Bomodjo, la plupart des gens qui sont venus d’autres départements sont moins ingrats que les originaires de la Likouala, surtout ceux des districts de Bouanela et d’Epéna. Il ne s’agit pas des populations mais des cadres, a-t-il précisé. Et d'ajouter :« J’ai fait de certaines gens des députés, des sous-préfets, …, mais après ils m'ont oublié. Je réitère que le Congolais qui vient de n’importe quel département est chez lui ici dans la Likouala et bénéficie de tous les droits. Aucun likoualien ne peut l’empêcher de vivre ici ».

Répondant à ceux qui pensent qu’il y a la discrimination en ce qui concerne les réceptions à la préfecture, Gilbert Djombo Bomodjo a dit qu’il reçoit tout le monde sans distinction aucune, même les partis politiques. A titre d’exemple, le ministre Charles Zacharie Bowao est un petit frère, dit-il. Lorsqu’il l’a vu à Brazzaville, il n’a pas hésité de lui faire la remontrance. Il lui a demandé comment il pouvait venir à Impfondo sans lui rendre visite. Est-ce pour dire que la famille est finie ? Charles Zacharie Bowao lui aurait répondu qu’il avait été informé par le commandant de zone à l’aéroport que le préfet n’était pas sur place. Toutefois il a dit qu’il avait compris. Et le lendemain Charles Zacharie Bowao est venu le voir à la maison à Brazzaville. Il lui a dit qu’il était venu voir les jumeaux qui sont ses neveux. Puis leur a remis la somme de 100.000 FCFA. En retour, constatant que sa pare-brise était cassée, le préfet a demandé à ce que ça soit changé et c’est ce qui fut fait. « C’est pour vous dire de ne pas confondre le positionnement politique et la famille. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas dans le même parti politique qu’on devient ennemi », a dit le préfet.

Parlant des dotations, le préfet de la Likouala a dit à la population qu’il est le premier à acheter une moto destinée à l’hôpital de Bouanela. Et partout, la plupart des agitateurs sont les cadres de ce district. Là, je viens d’envoyer des moteurs que j’ai achetées avec mon propre argent. Qu’est-ce que les cadres de Bouanéla font pour leur district, si ce n’est d’intoxiquer la population ? Dans d’autres départements, les cadres se cotisent à la hauteur d'au moins 50.000 FCFA pour faire face aux vacataires, mais pourquoi ceux de la Likouala ne le font pas ? Même les boîtes de craie, ils ne les achètent pas pour l'éducation de leurs enfants. 

Le préfet a dit à la population avoir acheté 8 moteurs qu’il va envoyer à Bouanela. Il a acheté 400 litres d’essence et va envoyer 50 litres dans chaque district. « Au lieu d’intoxiquer la population, je voudrais qu’un jour, chacun de nous fasse le bilan de ce qu’il a fait dans la Likouala. Nous avons dans la Likouala, des ministres, des sénateurs, des députés, des directeurs généraux. Je voudrais que chacun de nous fasse le point de ce qu’il a fait pour le département ou  pour son village. je ne trouve pas nécessaire de procéder à des intoxications. Soyons unis pour construire la Likouala ».

Quant au vol, le préfet a demandé à la population d’informer la police sur les éventuels voleurs qui procèdent par des actes inciviques ces derniers temps. Ils ont même volé des panneaux solaires. « Nous-mêmes sommes responsables du désordre dans notre département ».

Avant de mettre un terme à son harangue, le préfet de la Likouala a annoncé à la population qu’il se bat pour qu’Impfondo bénéficie d’une mairie centrale qui lui donnerait sans doute un nouveau visage et de nouveaux atouts. 

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : le préfet s’adressant aux populations du département Photo 2 : une vue des populations et cadres du département de la Likouala Photo 3 : les populations qui n'ont pu avoir la place à l'intérieur suivent de l'extérieur Photo 4 : les populations écoutant attentivement le préfet du département de la Likouala

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