Lutte contre Ebola : le personnel de santé de la Cuvette-Ouest doté de compétences pratiquesSamedi 4 Juin 2016 - 13:45 Le ministère de la Santé et de la population a organisé le 3 juin à Ewo, chef-lieu du département de la Cuvette-Ouest, en partenariat avec l’Unicef et la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), un exercice de simulation pour la prise en charge d’un cas suspect de Maladie à virus Ebola (MVE) Après une formation théorique organisée en 2014 à Ewo, le personnel de santé des districts d’Itoumbi, Kellé et Mbomo, ainsi que celui du chef-lieu du département viennent de renforcer leurs capacités sur les meilleures pratiques actuelles de prise en charge et de contrôle de la MVE. Spécifiquement, cet exercice de simulation visait, entre autres, à organiser la prise en charge d’un cas suspect de MVE au sein d’une équipe multidisciplinaire, une surveillance épidémiologique ainsi qu’une investigation devant un cas de malade suspect ou avéré. Il a également permis aux participants d’organiser la collecte des échantillons en respectant toutes les précautions en cas de suspicion ou de cas avéré; d'assurer le contrôle de l’infection à virus Ebola en milieu hospitalier et communautaire. Selon le directeur de l’hygiène publique, le Dr Lambert Kitembo, qui a coordonné l’exercice dans cette localité, cette simulation a permis d’améliorer les compétences des praticiens à la prise en charge d’un cas suspect. En effet, plusieurs séquences ont caractérisé cet exercice : préparation de l’équipe, de l’ambulance, du lieu de quarantaine, des salles de prise en charge et de déshabillage. Dans le cadre de la préparation, il faudrait d’abord, a-t-il précisé, conditionner l’ambulance avec le personnel qui y accompagne, l’ambulancier, les quatre brancardiers et le pulverisateur pour la désinfecion. « Tout ce que nous avons fait s’inscrit dans le cadre de la prévention, nous avons connu au niveau de ce département au moins trois épidémies de maladie à virus Ebola, je crois que nous ne sommes pas à l’abri de cette épidémie », a prévenu Lambert Kitembo, après cette simulation qui a quelque tiré l’attention des populations. Pour rappel, c’est dans l’optique de rester en éveil et de se préparer à la prévention et à la riposte contre toute épidémie surtout celle d’Ebola sévissant en Afrique de l’Ouest, que la République du Congo a développé un plan de contingence ayant des composantes relatives à la coordination, la prise en charge, la communication et l’hygiène, la surveillance sentinelle et épidémiologique. Ce plan vise à renforcer les capacités des équipes dans la riposte contre cette maladie. La page sombre du début des années 2000 Frappé à trois reprises, notamment en 2001, 2002 et 2003, le département de la Cuvette-Ouest, dont la viande de chasse reste le plat le plus prisé, n’est pas toujours à l’abri d’une éventuelle épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola. En effet, selon les chiffres, la première épidémie qui a duré de décembre 2001 à avril 2002 dans les districts de Mbomo et Kellé, a touché 57 personnes dont 42 décédées, soit un taux de létalité de 73,7%. La deuxième déclarée en décembre 2002 s’est poursuivie jusqu’en avril 2003, toujours dans les districts de Mbomo et Kellé. Au total, 143 cas avaient été enregistrés dont 128 morts, soit un taux de létalité de 89,5% ; la dernière épidémie remonte à octobre 2003 avant d’être maitrisée en janvier 2004 dans le district de Mbomo (village de Mbandza à 18 km du chef-lieu de la sous-préfecture. En effet, sur les 35 cas dénombrés, 29 ont péri, soit un taux de décès de 82,8%. Evoluant dans le département depuis pratiquement 16 ans, le Dr Blad Kounkou qui avait été l’un des acteurs principaux de la prise en charge des malades atteints d’Ebola à Kellé, en 2001, 2002 et 2003 se souvient encore de cette période lugubre. « Quand on parle d’Ebola, j’ai peur parce que comme vous le savez, à Kellé en 2001, 2002 et 2003, nous avions pratiquement sept à onze décès par jour, et dans la salle d’isolement lorsque je venais chaque matin et soir pour contrôler les malades, c’était très difficile », a témoigné l’actuel médecin- chef de l’hôpital de base d’Itoumbi, rappelant que la prise en charge s’était effectuée avec plus d’engouement grâce à l’appui des experts américains, belges et canadiens qui apportaient également du matériel adapté. Ils ont dit… Marcel Ongouono, directeur de l’hôpital de base d’Ewo : « C’est un honneur pour nous en ce sens que la Cuvette-Ouest avait déjà vécu l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Cette simulation est très importante parce qu’elle nous prépare pour faire face en cas d’épidémie. Je pense que le personnel de santé de la Cuvette-Ouest vient d’être formé. Après la phase théorique, aujourd’hui c’est la pratique, nous sommes désormais prêts à affronter cette situation en cas d’épidémie. » Léonie Obeyi, agent technique de santé évoluant au village d’Oloba, dans le district de Mbomo : « Cette formation est très importante pour nous qui sommes le long de la frontière avec le Gabon. Elle nous permet de nous prévenir en cas de maladie dans nos localités respectives. Je suis à 9 km du Gabon, comme j’ai vu, cette fois en cas de maladie, ou d’apparition des signes vitaux d’Ebola, je vais montrer aux autres comment le prendre en charge. Je félicite toute l’équipe qui nous a appris toutes ces choses. » Parfait Wilfried Douniama Notification:Non |