Conservation de la nature : lancement officiel de la cogestion du Parc national de la Salonga

Lundi 30 Mai 2016 - 17:52

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Le partenariat qui lie l’Institut national pour la conservation de la nature (ICCN) et le Fonds mondial pour la nature (WWF), pour une gestion durable de cette aire protégée, est une dernière chance pour cette province (la Tshuapa) de profiter des retombées de cet immense héritage légué par la Nature et de lutter contre la pauvreté.

L’ICCN et le WWF se sont engagés dans un programme de gestion conjointe du premier parc forestier d’Afrique, le Parc national de la Salonga (PNS). Ce programme a été matérialisé à travers un accord de cogestion visant l’amélioration de la gestion et l’établissement d’un partenariat public-privé afin de préserver la biodiversité et les services écologiques fournis par cette aire protégée. C’est pour marquer l’importance de cet accord de Cogestion, ensemble les autorités représentant le gouvernement central et provincial, les principaux partenaires financiers représentés par l’ambassadeur de l’Union européenne, l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne et le représentant adjoint de l’USsaid en RDC, qui se sont engagés à soutenir cette initiative, se sont retrouvés le 19 mai  à Monkoto, dans la province de la Tshuapa, au cœur du PNS, pour lancer le démarrage officiel de cette nouvelle phase de l’histoire du parc et installer officiellement, par la même occasion, le nouveau directeur du parc, Oliver Nelson. « Ce qui fait de la Cogestion une innovation à la Salonga, c’est son caractère inclusif, intégral et participatif qui remet véritablement la population au centre de la conservation », a expliqué le directeur national du WWF, Jean-Claude Muhindo Bakwabaya, à l’issue de cette visite.

Aujourd’hui plus que jamais, a-t-il poursuivi, le message du WWF et de l’ICCN est clair et révolte positivement les communautés de la Tshuapa qui comprennent pour la première fois que les éléphants, les bonobos, les perroquets, etc. du PNS sont économiquement plus important pour eux et les futures générations, non pas à cause de leur ivoire mais bien lorsqu’ils sont vivant, se reproduisent, sont visités, etc. « Plus il y aura cette biodiversité à la Salonga, plus les investisseurs injecteront les ressources qui bénéficieront à la conservation et aux populations. De ce point de vue, l’ennemi le plus redoutable à combattre quel que soit le prix à payer, c’est tous ces réseaux de trafiquant d’ivoire et d’espèces qui travaillent malheureusement en complicité avec les membres des communautés eux-mêmes », a-t-il insisté.

Un programme débuté en 2005

C’est depuis 2005, en étroite coopération avec l’ICCN et ses partenaires, que le WWF met en œuvre un programme de conservation dans le PNS et dans le paysage environnant le parc. Mais en dépit de ces initiatives de conservation, l’ICCN, le WWF et leurs partenaires ayant reconnu que les valeurs de la PNS étaient toujours sérieusement menacés et que, par conséquent, un programme plus ambitieux et sous une approche novatrice était nécessaire, ont mis sur pied le programme de Cogestion de cette aire protégée inscrit dans la liste du Patrimoine mondial menacé. « C’est la première fois qu’une enveloppe aussi importante est allouée à la gestion du PNS. Ce qui est pour nous une occasion de remercier nos partenaires, notamment l’UE, la KfW, et L’Usaid, pour leur engagement ininterrompu dans nos différents parcs. Aujourd’hui, c’est au tour de Salonga de bénéficier d’un appui qui non seulement est consistant mais aussi tient compte des populations riveraines. Le programme de Cogestion prévoit une enveloppe importante aux projets bénéficiant aux populations environnantes du parc », a soutenu le directeur général de l’ICCN, Cosma Wilungula Balongelwa.

Le programme de cogestion du PNS, souligne-t-on, vise à contribuer à l’objectif global de la conservation de la biodiversité tout comme à la réduction de la pauvreté et à la stabilisation des effets du changement climatique. Dans le cadre de la gestion des aires protégées, il s’agit de réduire la tendance à la surexploitation des aires protégées et d’établir les conditions d’une gestion durable contribuant à la protection de la biodiversité et à l’exploitation durable des forêts tropicales ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie des populations locales. « Aujourd’hui, il n’existe aucune infrastructure à Monkoto, le niveau d’éducation est l’un des plus alarmant du pays et pourtant les éléphants ont été massivement massacrés pour leur ivoire vendu aux trafiquants dans des grandes villes qui n’ont rien rapporté aux communautés. Par contre, c’est à cause des quelques éléphants, bonobos et autres espèces emblématiques encore vivantes, qu’aujourd’hui Monkoto et la Tshuapa commencent à avoir quelques infrastructures grâce aux investissements des partenaires financiers tel que l’UE, la KfW et l’Usaid engagés dans la protection de Salonga », a rappelé le directeur Muhindo. Créé en 1970 et couvrant 33.350 km², le PNS représente la plus grande étendue de forêt dense humide protégée en Afrique. Il est le parc national forestier le plus grand d’Afrique et le deuxième parc de forêt tropicale au monde.

En 1984, le PNS a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco pour ses espèces phares dont le Bonobo, éléphant de forêt, paon congolais, etc. Cependant, en raison de la guerre civile qu’a traversée le pays, il figure depuis 1999 sur la liste du patrimoine mondial en péril. Au sortir d’une longue période de conflits et de déstabilisation du pays, le réseau des aires protégées de la RDC dont l’ICCN a la responsabilité de gestion se trouvait dans une situation d’affaiblissement. Le manque de contrôle de l’État sur plusieurs zones du pays dont les parcs nationaux, a mené à une situation de gestion difficile aggravée plus encore par les pressions subies par les aires protégées du fait du braconnage récurrent, en particulier pour l’ivoire; la vente de gibier et d’animaux vivants, l’extraction massive de minerais, la demande de plus en plus accrue d’utilisation des sols pour l’agriculture et l’élevage et la présence de groupes armés.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 (de gauche à droite) : Jean Claude Muhindo (Directeur national du WWFà, Cosma Wilungula Balongelwa (Directeur général ICCN), Paul Nlemvo (Directeur des parcs nationaux, domaines et réserves de l’ICCN), Oliver Nelson (directeur du Parc de la Salonga). Photo 2 (de gauche à droite) : Mme Marie Josée Ifoku (vice-gouverneur de la province de Tshuapa), Mr Cyprien Lomboto (gouverneur Tshuapa), M. Jean Michel Dumond (ambassadeur de l’Union européenne en RDC), M. Wolfgang Manig (ambassadeur d’Allemagne en RDC), M. Scott Hocklander (chef de mission adjoint de l’Usaid en RDC)

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