Santé publique : environ 10% des Congolais adultes sont diabétiques

Jeudi 7 Avril 2016 - 19:45

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La communauté internationale célèbre le 7 avril de chaque année la Journée mondiale de la santé. L’édition 2016 a, quant à elle, été consacrée au diabète qui est devenu un problème de santé publique dans le monde. Au Congo les chiffres renseignent d’eux-mêmes.

 

A défaut d’organiser une cérémonie officielle, les autorités congolaises sont bien conscientes de l’ampleur que prend de plus en plus le diabète qui est devenu depuis quelques années une épidémie qu’il faudrait combattre à tout prix. En effet, le fléau a quadruplé entre 1980 et 2016, passant ainsi de 108 millions à près de 422 millions de diabétiques dans le monde. Selon le directeur général des hôpitaux et de l’organisation des soins, le professeur Alexis Elira Dokekias, la tendance est également en augmentation au Congo surtout au niveau de la population adulte.

« Environ 10% de sujets congolais portent le diabète. Cette répartition est inégale au niveau du pays parce que les enquêtes restent incomplètes. Cependant au niveau de la partie septentrionale, notamment dans les départements de la Cuvette, la Sangha et des Plateaux la fréquence du diabète est en augmentation selon des données hospitalières que nous avons », a alerté Alexis Elira Dokekias.

Considéré comme le plus grand centre hospitalier du Congo, le Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU) reçoit chaque jour au moins un nouveau cas de diabète au service des maladies métaboliques. D’après les campagnes de dépistages organisées au sein de quelques églises et d’autres lieux de Brazzaville, il ressort que le diabète touche environ 3% de la population adulte. Le chef de service des maladies métaboliques au CHU, le professeur Henri Germain Monabeka, qui a communiqué ces chiffres, a déclaré que dans la catégorie des populations ayant plus de 50 ans, les hypertendus, les obèses et les femmes accouchant de gros bébés, le taux est très énorme, soit 7%.

« Ce n’est pas une vie d’esprit, ne pensez pas que ce qui est dit ailleurs ne se passe pas chez nous. Nous rapprochons des chiffres de tous les pays africains, le nombre de diabétiques va aller galopant, il ne se passe pas un seul jour dans notre service sans qu’on découvre un nouveau cas de diabète. Tous les jours, nous avons un nouveau cas de diabète, donc l’épidémie est galopante », a indiqué Henri Germain Monabeka.

La prévention, le traitement le moins cher

Maladie chronique non transmissibles, le diabète nécessite un traitement à vie. Au regard des proportions que prend ce fléau au plan national, le directeur général des hôpitaux pense que  le Congo est sur le double fardeau des maladies transmissibles et non transmissibles. Contrairement à d’autres pays africains, a reconnu Alexis Elira Dokekias, les maladies transmissibles n’ont pas encore baissé. « Le diabète associé ou non à d’autres facteurs de risques est responsable des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des insuffisances rénales nécessitant la dialyse, des insuffisances cardiaques parce que le plus souvent une insuffisance coronarienne et les gens peuvent être rendus aveugles ou subir des amputations », a-t-il poursuivi, rappelant que le traitement du diabète de type 2 le moins cher est la prévention.

Pour se prévenir contre cette épidémie, il faut un régime alimentaire pauvre en graisse, en glucine et ne pas abuser de graisse ainsi que de substances nuisibles pour l’alimentation. Il faut également exercer une activité physique régulièrement. Conformément aux objectifs du développement durable qui placent les maladies non transmissibles dans un volet de lutte importante, il a souligné la nécessité du gouvernement de mettre à la disposition des Congolais, une alimentation saine.

Le professeur Henri Germain Monabeka s’est, de son côté, dit inquiet du comportement observé en milieu rural où des populations ont abandonné des activités physiques, notamment des marches au profit des motos « Djakartas ». Cette pratique pourrait, d’après le professeur Mondabéka, permettre le développement des risques du diabète. Pour des personnes malades, il fait un plaidoyer auprès des autorités afin de mettre les médicaments à la portée de tous.« Il faut que les médicaments soient à la portée de ces patients pour qu’ils puissent se soigner correctement et éviter les complications que nous rencontrons aujourd’hui. Il y a plusieurs actions à mener dans ce sens. Nous espérons que cette journée aura fait un petit clin d’œil à tous nos dirigeants et que des mesures seront prises pour pouvoir améliorer la prise en charge du diabète et infléchir la courbe de ce mal dans notre pays », a-t-il conclu.

 

L’OMS invite les pouvoirs publics à améliorer les systèmes de santé

Le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la maladie est très alarmant : le nombre de personnes vivant avec le diabète a atteint plus de 422 millions d'adultes, soit quatre fois plus qu’il y a 35 ans. L’agence onusienne pointe notamment du doigt le surpoids et l'obésité. Ces deux éléments constituent, selon les experts, des facteurs à l'origine de cette augmentation spectaculaire. Pourtant, « de nombreux cas de diabète sont évitables et il existe des mesures permettant de détecter et de prendre en charge la maladie, ce qui améliore les chances des personnes vivant avec le diabète de vivre longtemps et en bonne santé », a indiqué le Dr Oleg Chestnov, Sous-Directeur général du Groupe Maladies non transmissibles et santé mentale de l'OMS.

La directrice générale de l'OMS, Dr Margaret Chan,  insiste sur la capacité des pouvoirs publics à déployer des moyens nécessaires pour la mise en œuvre des engagements mondiaux à combattre le diabète et d'autres maladies non transmissibles. « Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que les populations (surtout les plus pauvres) puissent faire ces choix sains et que les systèmes de santé soient capables de diagnostiquer et de traiter les personnes diabétiques », a exhorté Dr Margaret Chan.

Le diabète est une maladie non transmissible évolutive et chronique qui se caractérise par des niveaux élevés de glycémie (sucre dans le sang). Il apparaît lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d'insuline, l'hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang, ou lorsque l'organisme n'utilise pas correctement l'insuline qu'il produit. Des efforts sont en cours à l'échelle mondiale, annonce l’ONU, pour tenter de rendre les médicaments plus accessibles et à un prix abordable. En outre, « si nous voulons progresser et mettre un terme à la recrudescence du diabète, nous devons repenser notre vie quotidienne afin d'avoir une alimentation saine, d'être actif et d'éviter la prise de poids excessive », a insisté la patronne de l’OMS.

 

Parfait Wilfried Douniama et Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Alexis Elira Dokekias ; Henri Germain Monabeka entouré de ses collaborateurs ; crédit photo Adiac

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