Burundi : l’UE envisage de réduire son aide pour les soldats burundais de l’Amisom

Mercredi 30 Mars 2016 - 11:45

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L’Union européenne entrevoit de réduire son soutien financier au contingent du pays déployé au sein de la Mission de maintien de la paix en Somalie (Amisom), au motif que les Européens ne veulent plus que cet argent profite en partie au gouvernement burundais.

« Le soutien au contingent burundais de l’Amisom – sous mandat de l’Union africaine (UA) – ne peut continuer ainsi », a déclaré le 29 mars, un diplomate européen sous couvert de l’anonymat. La principale raison avancée pour justifier cette mesure est que cet appui financier - 1 000 dollars destiné à chaque soldat africain en Somalie – ne peut plus transiter par le gouvernement. Ceci parce qu’aux termes de l’accord de financement, 20% de la somme totale doit rester dans les caisses de l’État. Ce qui représente environ 13 millions de dollars par an (soit 11,6 millions d’euros) pour Bujumbura, contre environ 52 millions de dollars par an pour ses 5 400 soldats en Somalie sur les 22 000 soldats que compte l’Amisom. Malgré cela, un autre diplomate européen a estimé que couper l’ensemble de ces financements est « loin d’être une réalité à présent »

L’UE a pris la décision de réduire son aide aux soldats burundais de l’Amisom au moment où les violences continuent au Burundi. Le 14 mars, l’UE avait mis sa menace à exécution : exception faite de l’aide humanitaire, « les appuis financiers directs fournis à l’administration burundaise, y compris les appuis budgétaires » étaient bloqués par Bruxelles. Le pays dépend à près de 50% de l’aide internationale. En cause, les ministres de l’UE avaient évoqué les refus de Bujumbura d’ouvrir un espace de dialogue avec l’opposition, mais aussi les violences à l’origine de la mort d’au moins 400 personnes depuis le début de la crise.

La décision de suspension de l’aide européenne avait été prise par les 28 ministres des Affaires étrangères de l’UE, lors de leur réunion mensuelle à Bruxelles. Elle était attendue après l’échec en décembre de consultations entre le Burundi et l’UE, réclamées par l’Union européenne à la suite des violences qui secouent le Burundi. Malgré cela, l’organisation européenne avait indiqué dans un communiqué qu’elle « a maintenu intégralement son soutien financier à la population et son aide humanitaire ».

Premier donateur du Burundi avec une aide globale de quelque 430 millions d’euros pour la période 2015-2020, l’UE rejoint ainsi les principaux donateurs bilatéraux occidentaux du Burundi, qui avaient déjà suspendu leur aide en faveur de ce pays. Et si 110 millions ont déjà été décaissés pour des projets en cours ou au titre de l’aide humanitaire, le reste est en revanche gelé, fait savoir une source au sein de la mission européenne. L’aide européenne était principalement destinée à « la consolidation de l’État de droit » ainsi qu’au secteur de la santé.

Rappelons que le Burundi a plongé dans une grave crise, émaillée de violences – qui ont déjà fait plus de 400 morts et poussé 250 000 à fuir le pays -, lorsque le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 pour un troisième mandat qu’il a obtenu en juillet. L’opposition et la société civile estiment que c’est en violation de la Constitution et de l’accord d’Arusha qui a mis fin à la guerre civile de 1993-2006 que l’actuel chef de l’Etat burundais est revenu au pouvoir.

 

Nestor N'Gampoula

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