Tracasseries routières à Kinshasa : l’Asadho exhorte à une lutte contre la corruption des policiers

Mercredi 13 Novembre 2013 - 15:24

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L’ONG a sollicité un agir collectif du gouvernement, des conducteurs et usagers de la route, de la société civile et de la population afin d’endiguer ce fléau.

L’Association africaine pour la défense des droits de l’homme (Asadho) a rendu public, le 13 novembre, au cours d'une conférence de presse organisée à son siège, à Gombe, son rapport sur les tracasseries routières dans la ville-province de Kinshasa. Cet exposé, qui fait suite aux diverses plaintes reçues par cette ONG faisant état des tracasseries dans les artères de Kinshasa, est la conclusion de trois mois d’enquête effectuée par une équipe de huit personnes dans la capitale congolaise. « L’Asadho a jugé opportun de faire cette enquête en vue de mettre ses conclusions à la disposition des autorités et de la population », a expliqué le président de cette ONG, Jean-Claude Katende.

L'Asadho a noté que l’absence des policiers de circulation routière rendrait impossible la circulation sur des artères de la capitale congolaise à cause de l’impatience des conducteurs, de leur manque de courtoisie et du non respect du code de la route. L'ONG a également relevé que « malgré le bon travail qu’ils font, les policiers de circulation routière sont mal payés ». Ce qui, selon cette association,  rend les policiers vulnérables à la corruption jusqu'à opter pour de mauvaises pratiques afin de gagner l’argent auprès des usagers de la route.

Mise en mal de l’autorité de la police

Il s’agit selon cette association : du trafic d’influence, du paiement des amendes sans quittance, de la destruction méchante, des contraventions imaginaires ainsi que des cas des autorités qui n’obéissent pas aux agents de circulation routière.

S’agissant du trafic d’influence, l’Asadho a relevé les cas où les contrevenants font appel à des policiers ou militaires « hauts-gradés » pour faire libérer les véhicules arrêtés au lieu de payer l’amende telle que recommandée. Alors que pour le paiement des amendes sans quittance, l’ONG a noté le phénomène « solola bien » qui veut que le policier et le conducteur trouvent une solution à l’amiable. Un autre phénomène c'est « mbote ya likasu » qui consiste à donner régulièrement de l’argent au policier pour s’éviter tout dérangement.

L’Asadho a dénoncé, dans le cas de destruction méchante, le fait de crever les pneus des véhicules ou de leur arracher les plaques minéralogiques, en guise de punition infligée aux conducteurs qui n’obtempèrent pas aux injonctions. Alors que dans les contraventions imaginaires, l’association a parlé de mauvais stationnement et la prise des voies à sens unique alors qu’il n’y a aucune signalisation.

L’Asadho, qui a noté que le comportement de certains policiers ont conduit à des accidents et à des pertes en vie humaines, a regretté que la corruption dénoncée se passe au vu et au su de tout le monde, même des autorités. « Cela entame même l’image du pays, parce que ces policiers ne sont pas en contact avec des Congolais seulement mais aussi avec des étrangers qui empruntent les voies de la capitale », a souligné le président de l’Asadho.

Un agir collectif

Devant ces réalités, l’Asadho a sollicité du gouvernement, l’amélioration des conditions de vie des policiers. « Cela leur éviterait d’être facilement exposés à la corruption », a expliqué Jean-Claude Katende. L’ONG a également exhorté à une campagne de lutte contre la corruption en direction des policiers de circulation routière et les usagers de la route et de faire sanctionner tout policier qui s’adonne à cette corruption publique et aux tracasseries sur les voies publiques.

L’Asadho a aussi plaidé pour la vulgarisation du code de la route au profit des usagers de la route et les policiers de circulation routière. L’ONG a, par ailleurs, recommandé aux conducteurs d’apprendre le code de la route, de refuser de donner de l’argent aux policiers à titre de corruption et de s’abstenir d’utiliser toutes les voies de fait contre ces policiers.

La société civile est, quant à elle, appelée à organiser des campagnes de lutte contre la corruption et les tracasseries, et d’assurer le monitoring et de dénoncer tous les cas de corruption et des tracasseries dont les policiers se rendent coupables sur les voies publiques. Alors que la population doit dénoncer tous ces abus dont les policiers de circulation routière se rendent coupables.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 et 2: le président de l'Asadho, devant la presse. Photo 3: les policiers de circulation routière contrôlant une voiture sur le boulevard du 30 juin.