A défaut d'être le berceau du nouvel Einstein, l'Afrique est celui de Géo TrouvetouMercredi 16 Mars 2016 - 18:02 Des drones de livraisons médicales aux bracelets intelligents pour femmes enceintes, en passant par les matériaux de construction à base de déchets, l'Afrique est bien le continent des Géo Trouvetou, à l'origine d'inventions souvent motivées par le sous-développement. S'il n'a pas encore permis d'identifier le nouveau génie de la physique, des mathématiques ou de la chimie, le "Next Einstein Forum" (NEF), plateforme africaine pour promouvoir les sciences, qui s'est tenu cette semaine à Dakar, a révélé de nombreux projets inventifs. En voici trois des exemples les plus frappants. Des drones pour sauver des vies Pour son doctorat en robotique aérienne, Moses Bangura a conçu un système de drones civils pour livrer des médicaments et transporter des échantillons biologiques, un outil qui aurait pu s'avérer très utile au plus fort de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, y compris dans son pays, la Sierra Leone. "C'est un système très fiable et solide, en code source ouvert, que tout le monde peut développer", précise-t-il. Désireux de servir à l'Afrique et à la Sierra Leone, Moses Bangura dit s'être "rendu compte de la grande pauvreté du système de délivrance des soins". Compte tenu des difficultés du terrain, "nous avons pensé que la meilleure option serait un appareil à rotors multiples, capable de se poser ou de décoller de manière autonome, sans avoir besoin de piste d'atterrissage ou de lancement", indique-t-il. Le jeune inventeur espère que ses drones pourront prendre l'air d'ici à 18 mois, en fonction des réglementations gouvernementales. Bracelets de suivi pour la grossesse L'ingénieur camerounais en informatique, Arreytambe Tabot a déjà reçu des fonds de l'Institut africain Nelson Mandela pour la Science et la Technologie pour lancer le bracelet intelligent mis au point par son équipe, qui fournit des données en temps réel sur la santé des femmes enceintes. Sur le continent où la mortalité maternelle est la plus élevée, notamment pour cause de septicémie, cette invention vise principalement les femmes en milieu rural, souvent illettrées, indique Arreytambe Tabot. Contrairement à d'autres systèmes fondés sur les messages ou des applications, ce bracelet, qu'il espère commercialiser à un peu plus d'un euro, "n'exige aucun changement de comportement de l'utilisateur". Combinant des commandes vocales et une technologie d'identification à partir de la fréquence radio déjà utilisée pour enregistrer les électeurs au Nigeria - premier pays où il sera testé - l'objet emmagasine des données sur les signes vitaux, explique l'inventeur. "Chaque fois que la femme retourne au centre de santé local, on vérifie le bracelet, et s'il y a un changement, il est enregistré", ajoute-t-il. Bâtir à partir de déchets en plastique, des résidus en plastique qui constituent une des plaies du continent, Moussa Thiam, ingénieur malien en doctorat à l'Université d'Ottawa, au Canada, veut faire un atout. "Ce que nous essayons de faire est de créer un matériau de construction innovant", dit-il. Mélangé à du gravier et du sable dans un four spécial, "le déchet plastique sera le matériau de fixation", en lieu et place du ciment, pour un produit susceptible de servir dans l'aménagement intérieur, voire la construction de routes, espère-t-il. Jennifer O'MAHONY avec AFP Notification:Non |