Violences sexuelles : Dr Mukwege en croisade contre les auteurs des viols à Genève

Mardi 8 Mars 2016 - 19:41

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Le gynécologue congolais de 61 ans (Prix Sakharov/2014 des droits de l’Homme décerné par le Parlement européen) a présenté, le 8 mars, au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève une pétition réclamant la fin de l’impunité pour les responsables de viols et d’abus sexuels dans son pays.

Pendant qu’à Kinshasa et dans l’arrière-pays, les femmes congolaises n’ont trouvé mieux que de se mettre en pagne pour affirmer leur féminité le 8 mars, le gynécologue Denis Mukwege, lui, a saisi l’opportunité qu’offrait cette journée internationale de la femme pour mener une plaidoirie en faveur des Congolaises au niveau du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève. Il était porteur d’une pétition signée par environ 200 organisations militant pour les droits des femmes dans laquelle les signataires réclament la fin de l’impunité pour les responsables de viols et d’abus sexuels en RDC.

Reconnu pour son combat en faveur des femmes violées dans l’est du pays, le Dr Mukwege a toujours fait de la réhabilitation et de la réintégration sociale des femmes violées son cheval de bataille. C’est ainsi qu’il milite pour que les auteurs de ces actes criminels soient sanctionnés et qu’ils purgent des peines à la hauteur de leur forfaiture. Ce n’est qu’à ce prix, pense-t-il, que le taux des viols recensés mensuellement à l’est de la RDC pourra baisser sensiblement.

« Non à l’impunité », ainsi s’intitule le rapport présenté au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève sous forme d’une pétition. Les signataires dudit document revendiquent un certain nombre des choses. Ils réclament notamment que le Conseil publie une liste jusqu’ici secrète de 617 personnes soupçonnées d’avoir commis des viols et des atteintes aux droits de l’Homme en RDC entre 1993 et 2003. Sur ce même registre, les pétitionnaires exigent à ce que des échantillons d’ADN soient systématiquement prélevés dans les affaires de viol afin de remonter la filière pour identifier les vrais auteurs des viols.   

L’autre revendication porte sur la création d’un tribunal spécial réunissant des juges et des procureurs internationaux pour juger les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en RDC. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a donc tout intérêt à diligenter ce dossier face à la persistance du phénomène en RDC, nonobstant une baisse relative au regard des dernières statistiques. En effet, il en ressort que le nombre de victimes de viols a diminué avec la baisse des combats, passant de dix par jour il y a quelques années à un peu moins de sept par jour.

Toutefois, des études récentes stigmatisent le viol depuis plusieurs années déjà des milliers d’enfants de l’est de la RDC dont plusieurs âgés de moins de cinq ans. Dans le lot, il faudrait aussi inclure les enfants soldats forcés au métier des armes contre leur gré et poussés à commettre des actes de sauvagerie. Les signataires de la pétition regrettent toutefois que de tels enfants aient été intégrés à l’armée régulière sans avoir bénéficié d’un soutien psychologique.                                  

 

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le Dr Denis Mukwege

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