Mali : les opérations d’identification des meurtriers des 2 journalistes français sont en coursLundi 4 Novembre 2013 - 20:00 Après l’assassinat samedi près de Kidal, dans le nord du pays, des envoyés spéciaux de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, des opérations ont été lancées pour tenter de retrouver les meurtriers, a-t-on appris de source proche de l’enquête « Des opérations pour identifier un certain nombre de personnes dans des campements ont été lancées dimanche et étaient toujours en cours lundi pour retrouver les auteurs de l’enlèvement suivi du meurtre par balles des deux journalistes de Radio France International (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon (…). À l’heure actuelle, on n’a pas de certitude sur qui a commis cet assassinat. On va tout faire pour retrouver les assassins, les punir, les châtier », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Alors que des enquêteurs français sont attendus au Mali dans le cadre de ces opérations, une source à la gendarmerie de Gao, la plus grande ville du Nord-Mali, a affirmé qu’une « dizaine de suspects a déjà été interpellée dans la région de Kidal ». Ce qu’a démenti le ministre français en charge de la Défense. « Pour nous, France et Serval, (nom de l’opération militaire française au Mali), aucune arrestation. Mais les militaires français disposent d’indications permettant de remonter la trace des meurtriers des deux reporters français », a fait savoir son entourage. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a indiqué : « Ghislaine Dupont a été assassinée de deux balles dans la poitrine et Claude Verlon a reçu trois balles en pleine tête. » Malgré cela, les circonstances de la mort des deux journalistes enlevés et exécutés en plein jour ne sont toujours pas connues. Le ministre malien de la Défense Soumeilou Boubèye Maïga a justifié cette difficulté par le fait que « la souveraineté de l’État n’est pas effective » dans cette région. « La situation de Kidal est telle que toutes les infiltrations sont possibles, dont celle d’islamistes armés radicaux de groupes liés à Al-Qaïda qui avaient occupé la ville et tout le nord du Mali pendant plusieurs mois en 2012, avant de fuir l’arrivée de l’armée française en janvier 2013 », a-t-il noté. Pour remédier à cette situation, le porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé que son pays allait renforcer sa présence militaire au Mali. « La Minusma - les forces de l’ONU - et les forces armées maliennes sont désormais déployées sur le territoire. Il nous reste près de 3.000 hommes français, il va sans doute falloir renforcer encore cette présence pour pouvoir faire reculer le terrorisme. Ce n’est pas en quelques mois qu’une situation aussi inextricable que celle du terrorisme installé au nord du Mali en particulier peut se régler », a-t-elle ajouté. L’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a suscité une vague d’émotion et d’indignation à travers le monde. Après avoir appris le même jour avec consternation la mort de deux journalistes de Radio France International, le président français François Hollande a exprimé « son indignation à l’égard de cet acte odieux ». La communauté internationale et les organisations des journalistes à travers le monde ont condamné ce meurtre. Toutes les voix qui continuent à s’élever demandent que « la lumière soit faite » le plus rapidement possible sur les circonstances du décès de ces professionnels de la presse. À en croire le témoignage d’Ambéry Ag Rhissa, le représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) que les journalistes venaient d’interviewer et qui a assisté à leur enlèvement, les agresseurs de ces derniers parlaient tamachek, la langue des Touareg. La ville de Kidal est le berceau de la communauté touareg et du MNLA, organisation aujourd’hui divisée entre partisans d’un dialogue avec les autorités maliennes et ceux qui veulent à tout prix la partition du Mali par le moyen des armes.
Nestor N'Gampoula |