Cécile Kyenge ouvre la conférence européenne sur les Roms

Mardi 29 Octobre 2013 - 16:46

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La  ministre italienne de l’Intégration a, par ailleurs, rencontré à Rome Aung San Suu Kyi, la Birmane prix Nobel de la paix 1991

C’est à un moment délicat du débat sur l’intégration des populations roms que s’est ouvert mardi à Rome, sous la présidence de Cécile Kyenge Kashetu, la sixième conférence du Conseil de l’Europe. Prévue pour durer deux jours, la conférence rassemble les représentants de 47 pays européens qui ont inscrit à l’agenda de leurs travaux la question des Roms. Populations européennes originaires en majorité de Roumanie ou de Hongrie, les Roms, également appelés tziganes, manouches ou romanichelles (qui ne seraient que des sous-groupes), sont au cœur de l’actualité en France, en Italie et en Grèce.

Vivant généralement dans des caravanes et se déplaçant en groupes d’un pays européen à un autre, l’opinion s’est fabriquée sur eux une fausse idée de peuples indolents, vivant de vols ou de mendicité, refusant toute intégration par le travail ou d’occuper des logements décents dans les villes. Leurs enfants sont rarement scolarisés. Les récents propos du ministre français de l’Intérieur, Manuel Vals, sur l’impossibilité d’intégrer tout ou partie d’entre eux, ont fait des vagues. Dans le même temps, la destruction de leurs camps, souvent insalubres, est devenue la norme aussi bien à la périphérie des grandes villes françaises qu’à Rome. En Grèce, la découverte récente d’une fillette dans un de ces camps a réveillé le vieux fantasme du tzigane voleur et vendeur d’enfants…

C’est pourquoi les propos de la ministre italienne de l’Intégration, d’origine congolaise (RDC), au centre, il y a peu, d’attaques pesantes à relents racistes, ne pouvaient qu’avoir une forte résonnance. « Accueillir pour la première fois en Italie une conférence d’un aussi haut niveau sur le thème des droits humains des Roms est le signal d’une attention renouvelée du gouvernement italien pour un problème aussi brûlant que l’intégration des Roms dans le tissu socio-économique. Cela requiert aujourd’hui des réponses urgentes qui ne peuvent se trouver que par la collaboration de toutes les institutions aux niveaux européen, national et territorial », a-t-elle dit.

De fait, cette importante conférence est l’initiative de plusieurs organismes, dont l’Office italien anti-discriminations raciales, UNAR, et le département pour l’Égalité des chances du gouvernement italien. Elle se tient par ailleurs alors que se trouve à Rome une passionaria des droits de l’homme dans son pays, Aung San Suu Kyi, empêchée pendant près de trente ans de sortir de Birmanie (actuel Myanmar), emprisonnée et privée de ses droits. C’est seulement maintenant, à la faveur d’un dégel politique dans son pays, qu’elle peut venir chercher les différents prix qui ont couronné sa combativité : prix Nobel de la paix (1991) et prix Sakharov, ainsi que l’attribution de la citoyenneté honoraire de la ville de Rome.

« C’est une femme tenace, symbole de force, de paix et d’humanité », a souligné Cécile Kyenge après avoir rencontré Aung San Suu Kyi lundi à Rome. « Je suis heureuse d’avoir eu l’opportunité de connaître une femme qui, par un engagement personnel, est en train d’influencer le parcours démocratique d’une nation ». La ministre italienne a relevé que pour arriver à ce résultat, la Birmane a dû payer le prix fort. « Sa présence en Italie ne peut que renforcer ce qu’elle nous a transmis tout au long de ces années d’une lutte pacifique, à savoir que même un seul individu peut changer le destin des gens par la puissance de ses valeurs propres », a dit l’Italo-Congolaise.

Lucien Mpama