Lutte anti-braconnage : amendes et emprisonnement ferme pour une dizaine de chasseurs à OuessoLundi 23 Novembre 2015 - 17:00 Le Tribunal de Ouesso a condamné une dizaine de délinquants fauniques à des peines d’emprisonnement ferme et à payer de lourdes amendes lors de l’audience correctionnelle du 19 novembre 2015. Les condamnations sont variables entre dix-huit mois et cinq ans d'emprisonnement soit ferme soit avec sursis selon la gravité de l’infraction reprochée au braconnier. De même les amendes oscillent entre cinquante mille et un million de francs CFA pour dommages et intérêts. Par contre le greffe de ce même tribunal a confirmé que, le 3 décembre prochain, sera connu le sort de cinq autres délinquants fauniques interpellés par le ministère de l’Economie forestière et du développement durable (MEFDD) et les services du projet Fonds Mondial pour la nature, Espace Tridom Interzone Congo (WWF-ETIC), l’Unité de surveillance de lutte anti-braconnage (Uslab) Tala-Tala et le Parc National d'Odzala-Kokoua. Il s’agit en l'occurence de : Doum David récidiviste, Dali Rodrigue, Konda Gaston, Massehou Joseph et le célèbre DILA Hugues. Certains de ces délinquants sont retenus à la maison d’arrêt de Ouesso pour avoir abattu des espèces animales intégralement protégées ou pour complicité de détention des trophées d’animaux protégés par la loi faunique congolaise, comme l’éléphant, le gorille, la panthère, Colobes guereza, ou pour pénétration dans une aire protégée ou encore pour abattage d’une espèce partiellement protégée sans permis de chasse valable. Pas de fermeté La complaisance des juges lors de certaines audiences est parfois déplorée par certains organismes où responsables de projet œuvrant pour la lutte anti-braconnage. A Ouesso par exemple, les communautés ont signalé qu’il y a des braconniers qui parfois sont interpellés et relâchés sans être jugés par l’instance compétente. Théophile Mbangui, chef de brigade de l’Unité de surveillance de lutte anti-braconnage (Uslab) de Tala-Tala a regretté : « En ce qui concerne les jugements, je souhaiterais qu’il y ait une fermeté tous azimuts au sujet des peines. Il y a des braconniers qu’on interpelle, mais qui, étant mis en liberté trois jours plus tard, se mettent à nous narguer au téléphone ». Fréquence du braconnage Il suffit de se référer aux habitudes alimentaires des communautés et au système de recherche du gain facile pour estimer le taux élevé du braconnage dans les villages environnants la préfecture de Ouesso. « En suivant l’audience de monsieur Dila Hugues, je peux dire que les vieux démons l’ont rattrapé puisqu’il n’est pas à son premier forfait. Pour une durée d’une semaine, nous réussissons à interpeller deux ou trois braconniers » reconnait Théophile Mbangui. Sensibilisation Dans la Sangha, les projets œuvrant pour la conservation de l’héritage faunique mènent plusieurs actions d’intéressement des communautés sur l’importance de la conservation des espèces animalières rares et en voie de disparition Par exemple au district de Sembé, le projet ETIC, une collaboration entre le Ministère de l’Economie forestière et le WWF informe les communautés à penser pour les générations futures. « Nous organisons régulièrement des réunions de vulgarisation de la loi faunique en distribuant des prospectus sur les espèces animales disposant d'un statut de protection. Nous informons aussi ces communautés et autorités locales de la problématique du braconnage des éléphants. Nous observons un déclin rapide des populations d’éléphants dans nos zones d’intervention (Districts de Souanke, Ngbala, Sembe). Si rien n’est fait pour contourner le trafic d’ivoire, l’éléphant disparaîtra d’une grande partie du Nord Congo – et la forêt changera pour toujours. C’est ce qui s’est passé en RDC. Il faut qu’on évite ce sort au Nord Congo. », indique Corneille Moukson Kutia, l'assistant juridique de WWF-ETIC. Fortuné Ibara Notification:Non |