Centrafrique : Paris va renforcer ses troupes en contrepartie de gages de sortie de crise

Lundi 14 Octobre 2013 - 10:11

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

À Bangui, où il a rencontré le président de la Transition, Michel Djotodia, et le Premier ministre, Nicolas Tiangaye, le chef de la diplomate française, Laurent Fabius, a souhaité la tenue d'élections libres en Centrafrique début 2015, dont seront exclues les autorités actuelles

Laurent Fabius a annoncé l'envoi de troupes supplémentaires d'ici fin 2013 en Centrafrique, où elle compte 410 soldats, et « un coup de pouce dans le domaine logistique », en fonction des résolutions onusiennes. Paris serait prêt à porter l'effectif de ses troupes à 750 voire 1200 hommes, pour appuyer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), qui ne compte que 1 400 soldats sur les 3 600 prévus. Laurent Fabius a réclamé en contrepartie l'organisation d'élections libres début 2015, auxquelles le pouvoir actuel ne pourra pas participer.

La visite de Laurent Fabius intervient trois jours après que le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé le déploiement de Casques bleus en Centrafrique, sans donner de date précise. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, présentera « des options détaillées pour un soutien international à la Misca, y compris sa transformation éventuelle en une mission de maintien de la paix de l’ONU », indique un communiqué, laissant à penser qu'un déploiement ne se fera pas avant le printemps 2014. L’ambassadeur de France auprès des Nations unies, Gérard Araud, s’est félicité de ce « premier pas de mobilisation politique » : « Sur la base du rapport [de Ban Ki moon] nous verrons quelle sera la décision », a-t-il commenté. Mais le salut de la Centrafrique vient avant tout de ses filles et fils, qui doivent faire taire leurs armes et décider ensemble de privilégier la paix avant les intérêts individuels.

Petit pays d'Afrique centrale de 4,5 millions d'habitants, berceau de l'intégration sous-régionale, la Centrafrique concentre richesses naturelles, misère et coups d'État. C'est le seul pays d'Afrique francophone qui aura connu en 53 ans d'indépendance six chefs d'État différents, dont cinq renversés suite à un coup d'État. Le dernier en date est François Bozizé, renversé en mars dernier, réfugié temporairement au Cameroun, puis en France avec un visa limité (trois mois). L'ancien président centrafricain est aujourd’hui annoncé au Soudan du Sud, en Ouganda, ou en Éthiopie.

Barthélemy Boganda, père de l'intégration régionale en Afrique centrale

Son premier président, Barthélemy Boganda, ancien parlementaire français, véhément mais clairvoyant, sera le premier à demander à la France le maintien des droits français au peuple d'Afrique-Équatoriale française et à proposer la création d'un État d'Afrique centrale unique, regroupant Gabon, Congo, Cameroun et Centrafrique, seule solution à ses yeux pour « éviter l'éclatement de la région en territoires trop petits, non viables, et sans rôle à jouer sur la scène internationale ».

Noël Ndong