Santé : « Le sida se féminise parce que la femme n’est pas informée »

 Selon le Dr Isabelle Kasongo, médecin aux cliniques universitaires de Lubumbashi dans la province du Katanga, plusieurs causes sont à la base de la propagation du sida chez la femme.  Il ya d’abord les causes anatomiques de la femme. «  La muqueuse vaginale est trop fragile, au moindre contact, il y a saignement et cela facilite la transmission de virus. Le grand pourcentage de la contamination de sida est dû par la voie sexuelle. La flore vaginale est propice au développement de virus », explique t- elle.

 Les causes sociales, telle que la pauvreté, indique le Dr Isabelle Kasongo, pousse la femme à la recherche de la survie par conséquent, elle se lance dans les mains de n’importe qui, ce qui l’expose à contracter le sida parce qu’elle ne connaît pas le statut sérologique de son partenaire sexuel.

Le mariage précoce, c’est-à-dire un homme âgé qui épouse une petite fille,  celle-ci ignore si cet homme est atteint ou non par le sida ; le sororal ou le lévirat, la polygamie, certaines pratiques comme l’excision favorisent la propagation du sida.

Outre les causes sociales, il y au aussi les raisons politiques, notamment la guerre. À cause de l’insécurité due au conflit armé, il  y a des filles et des femmes qui sont violées et les violences sexuelles sont un facteur de risque de contamination du sida.

Le leadership de la femme

 Pour le Dr Isabelle Kasongo,  dans la lutte contre cette maladie qui se féminise, la femme  doit jouer le rôle de leadership. Elle doit être active dans la lutte. «  Quand la femme est  informée, elle sera la plaque tournante dans la lutte. Dans ce cas, en dépit de sa pauvreté, elle va se protéger et la  protection de la femme contre le sida passe par l’information et l’éducation », a t-elle déclaré.  Le Dr Isabelle Kasongo  pense qu’avant que l’homme soutienne la femme dans la lutte contre le sida, il est d’abord souhaitable que « la femme puisse s’approprier cette lutte ».

Dans cette appropriation, poursuit-elle, la politique doit nous accompagner avec des stratégies efficaces pour la mobilisation des fonds. « Ce n’est qu’à ce prix qu’on pourra lutter contre le sida et épargner ainsi la vie de plusieurs femmes qui sont exposées à cette maladie »

Le Dr Isabelle Kasongo reste convaincue que le sida n’est ni une fatalité ni un mauvais sort. C’est pourquoi elle adresse un message encourageant  aux femmes  séropositives. "C’est vrai qu’il est difficile de vivre avec la maladie mais, celles qui sont atteintes ne doivent pas se décourager, elles peuvent vivre avec cette maladie autant d’années. Que les femmes atteintes ne se sentent pas  coupables dans la société, qu’elles ne se sentent pas marginalisées", les a-t-elle encouragées