Procès Jean-Claude Muyambo : l’Acaj recommande aux magistrats de bien faire leur travail

Mercredi 3 Juin 2015 - 15:45

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L'ONG les exhorte notamment à faire preuve d’indépendance et d’impartialité et de résister aux pressions et interférences gouvernementales.

L’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) a dénoncé l’ouverture, le 3 juin à 9heures, au Tribunal de paix de Kinshasa/Ngaliema, du procès pénal contre le bâtonnier Jean-Claude Muyambo, président du parti de l’opposition Scode. Cette ONG continue de croire que ce politicien congolais a été arrêté pour des raisons politiques et que la justice devrait le libérer sans condition. « L’enlèvement du bâtonnier Jean-Claude Muyambo par l’ANR a été décidé pour sanctionner son départ de la majorité présidentielle et sa participation aux manifestations organisées par l’opposition politique à Kinshasa les 12 et 19 janvier 2015 », a déclaré le chargé de protection à l’Acaj, Me Didier Kalemba, dont l’association a, en outre, demandé au gouvernement de faire libérer, en plus du bâtonnier Jean-Claude Muyambo, tous les prisonniers politiques ou d’opinons.

L’Acaj a également fait remarquer que le « gouvernement congolais recourt régulièrement à l’instrumentalisation de la justice pour réduire les opposants, les défenseurs des droits de l’Homme et les activistes pro-démocrate au silence en leur imputant des charges fallacieuses montées de toutes pièces ».

S’agissant du président de Scode, l'ONG qui dénonce son enlèvement accompagné de mauvais traitement, le 20 janvier, et sa détention pendant cent quinze jours sans être confronté ni au plaignant, ni à un témoin à charge, a noté que le Parquet le fait poursuivre devant ce tribunal pour trois chefs d’accusations. Il s’agit d’abus de confiance, des menaces d’attentat et de rétention des documents.

Rappelant les faits, l’Acaj a noté que Jean-Claude Muyambo, qui a aussi milité pendant plusieurs années comme défenseur des droits de l’Homme au Katanga, a quitté la majorité présidentielle et a adhéré à l’opposition politique en signe de protestation contre la modification de la Constitution. Ce qui lui aurait valu plusieurs menaces de mort, des intimidations et de règlement de compte de la part du pouvoir.

L’ONG a souligné qu’il a été enlevé, le 20 janvier, de sa résidence de Ngaliema vers 4 heures du matin par des agents de sécurité sans mandat et conduit dans les différents bureaux de l’ANR où il lui sera informé qu’il allait passer en procès en flagrance pour sa participation aux manifestations, et puis il sera amené au Parquet général de la République avant d’être déféré au Parquet général de Kinshasa/Gombe. Auditionné brièvement sur une vieille plainte de Lubumbashi que le plaignant lui-même avait déjà retirée depuis le 25 juin 2014 par lettre dont copies réservées aux autorités gouvernementales, administratives et judiciaires, a noté l’Acaj, le Parquet va le placer en détention à la prison de Makala alors qu’il n’existait ni commission rogatoire venue du Parquet de Lubumbashi, ni de deuxième plainte à sa charge.

L’Acaj a également regretté le refus, le 5 février, sans raison valable, des demandes de liberté provisoire qu’il avait sollicitée de la justice. « Le Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe confirma sa détention pour trente jours et pourtant il avait aussi produit la lettre de retrait de plainte de soi-disant plaignant. Le 13 février, alors que le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe devait examiner son appel contre le refus de sa liberté provisoire, le ministre de la Justice va intervenir le matin sur les antennes de RFI en affirmant, sans réserve, que les faits lui reprochés étaient fondés et qu’il avait empoché l’argent de son client », a souligné l’ONG.

Analysant tout le contour de cette affaire, l’Acaj s’est dite convaincue que le bâtonnier Jean-Claude Muyambo est en réalité arrêté en vue de sanctionner son opposition à la modification de la Constitution et la loi électorale. « La prétendue plainte de Lubumbashi est un prétexte utilisé par le gouvernement, dans le cadre de la répression en cours des opposants et des membres de la société civile, pour justifier sa réduction au silence », a conclu cette ONG.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le bâtonnier Jean-Claude Muyambo

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