Soudan : Réélu, Omar el-Béchir reste confronté à plusieurs défis

Mardi 28 Avril 2015 - 12:12

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Le président soudanais sortant, Omar el-Béchir, a remporté l’élection présidentielle du 27 avril pour un nouveau mandat de cinq ans avec 94,5 % des voix. Le candidat de l’opposition, Fadl el-Sayed Shouiab, du Parti de la vérité fédérale, n’a recueilli que 1,43 % des voix. Cette victoire était largement prévisible, à l’issue d’un scrutin boycotté par les treize candidats de l’opposition.

Bien que réélu à la tête de son pays, Omar el-Béchir va faire face, comme ce fut le cas depuis des années à une série de défis pour remettre l’économie soudanaise sur les rails et le sortir de l’isolement international. Ceci, pour la simple raison qu’avec l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le Soudan a perdu environ 75% de ses ressources pétrolières. L’inflation est galopante et le taux de chômage est au-dessus de 30%.

« La dette souveraine soudanaise a dépassé les 40 milliards de dollars, que le pays est incapable de rembourser. Le gouvernement veut donc un effacement des dettes », souligne l’économiste Hassan Makki.

Le Soudan, rappelons-le, est soumis à un embargo économique américain depuis 1997 pour violations présumées des droits de l’Homme et des accusations de liens avec le terrorisme. Et depuis 1989, le pays est isolé sur la scène internationale. Même si l’actuel chef de l’Etat soudanais semble prendre des distances avec l’islam radical qui prône le djihad, il reste toutefois dans le collimateur de la communauté internationale en raison de la répression des opposants et des violences qui se poursuivent dans son pays. L’armée loyaliste combat des rebelles à l’intérieur du Soudan : au Darfour, au Kordofan-Sud et dans le Nil-Bleu.

Selon des observateurs de situation au Soudan, pour soigner l’image de ce pays afin de gagner la confiance de la communauté internationale, Khartoum doit tenir sa promesse d’organiser un dialogue avec l’opposition. Les autorités doivent donc œuvrer pour faire sortir le pays de son isolement, en arrêtant la guerre et concluant une réconciliation nationale.

L’élection présidentielle controversée qui a porté une nouvelle fois Omar el-Béchir à la magistrature suprême de son pays est la deuxième élection multipartite depuis son arrivée au pouvoir en 1989, après un coup d’Etat. Ce scrutin a été fortement critiqué, notamment par l’Union européenne, la Grande-Bretagne, la Norvège et les Etats-Unis.

Dans son discours après la proclamation des résultats, Omar el-Béchir a indiqué que son parti détiendra 323 sièges, dont 128 occupés par des femmes sur les 425 de la prochaine Assemblée nationale.

Au pouvoir depuis plus de 25 ans, Omar el-Béchir est visé par deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et génocide commis au Darfour, une vaste région ouest-soudanaise. Ce qui limite grandement sa liberté de mouvement. L’ONU estime à 300 000 le nombre de personnes qui sont mortes de ces violences et 2,5 millions celui des personnes ayant fui ces violences qui y perdurent depuis 2003.

 

 

Nestor N'Gampoula