Pourquoi avoir créé la Journée nationale des diasporas africaines et pourquoi à Bordeaux ?
Pierre De Gaétan Njikam Mouliom : Les diasporas africaines sont devenues une donnée et une valeur majeures dans les sociétés occidentales et notamment en France, et aussi pour les sociétés et les Etats africains. Elles contribuent à la diversité de la société française, à laquelle elles apportent une contribution économique, intellectuelle et une expertise. Ces diasporas sont aussi un sujet d’intérêt et de mobilisation pour les pays africains. Elles sont interpelées pour accompagner les différents programmes d’ « émergence »… L’idée nous est venue de proposer un moment de rencontre et d’échange pour mobiliser les « Energies » des diasporas pour créer de la valeur en France et en Afrique. Bordeaux s’imposait parce qu’elle est, plus que toute autre ville de France, liée à l’Afrique par l’histoire et aussi par une actualité faite de liens économiques, universitaires, associatifs et institutionnels denses.
Pourquoi avoir choisi comme thème cette année l’innovation en Afrique ?
Pierre De Gaétan Njikam Mouliom : Le sujet de l’innovation est au cœur des sociétés qui sont en transition accélérée, confrontées comme l’Afrique à la mondialisation, aux impératifs de développement et de croissance. Le continent est confronté à des défis économiques, urbains, démographiques qu’aucune autre région du monde, à l’échelle de l’histoire, n’a jamais connu, d’où l’impératif pour les sociétés africaines de faire preuve de créativité, d’innovation et de trouver des solutions inédites. On voit une Afrique numérique qui se développe dans le domaine de l’entrepreneuriat, du commerce, de la monnaie et de la banque, de l’architecture, de l’éducation et la formation, de la citoyenneté, voire aussi de la solidarité, pour éviter une fracture numérique entre les populations jeunes et moins jeunes ou entre celles éloignées ou non des zones urbaines.
Comment la France peut utiliser l’avantage compétitif que représente pour elle la présence de cette diaspora africaine sur son sol pour se repositionner stratégiquement en Afrique face à la Chine ou l’Inde par exemple ?
Pierre De Gaétan Njikam Mouliom : Les entreprises et les universités de l’hexagone ont déjà intégré le potentiel et la plus-value que représentent les diasporas pour la France. Il faut amplifier ce mouvement qui peut redonner un nouvel élan à une relation multiforme. Mais la France n’est pas le seul acteur. Les Etats africains et les institutions internationales africaines, au premier rang desquelles les organisations sous-régionales et les sociétés civiles s’efforcent également d’accompagner la dynamique « circulaire » que constitue la contribution des diasporas africaines à la croissance partagée.