Fosse commune de Maluku : Justicia exige la démission du gouvernement

Samedi 18 Avril 2015 - 13:00

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Pour cette ASBL, Augustin Matata Ponyo et son équipe doivent rendre le tablier parce qu’ils viennent de « démontrer n’avoir aucun égard à la vie humaine des Congolais, ni un quelconque respect ou dignité dus pourtant aux morts ».

Dans une lettre ouverte signée par Me Timothée Mbuya adressée, le 13 avril, au Premier ministre Matata Ponyo, l'ONG de promotion et de défense des droits de l’Homme et du droit international humanitaire basée à Lubumbashi, dans le Katanga, a exprimé son indignation du fait de « la présence de nombreuses et suspectes fausses communes connues et inconnues » à Kinshasa (celle de Maluku) et dans la province cuprifère. Pour l’ASBL Justicia, face à cette situation décriée, le gouvernement ne devra que démissionner.

L'association a, en effet, fait siennes les affirmations des ministres de l’Intérieur, Évariste Boshab, et de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, ainsi que celles du ministre provincial de Kinshasa en charge du Budget, Plan, Travaux publics et Infrastructures, Robert Luzolanu, sur la pratique courante des « enterrements collectifs ». Cette ONG note, par conséquent, que ces « pratiques gouvernementales » qui consistent « à jeter, entasser les dépouilles des Congolais dans les fausses communes-sans au préalable mener des démarches répétitives et subséquentes afin d’identifier quelques membres de famille à même de donner une sépulture digne aux défunts- et creuser nuitamment des fosses, pour éviter probablement des regards des curieux », étaient une attitude éminemment suspecte dans le chef des autorités publiques qui ont procédé à ces tâches.

Les suspicions de Justicia ASBL

Pour l'ONG, même si le gouvernement congolais, à travers ses services, n’avait rien à se reprocher sur l’origine ou les causes de ces centaines de dépouilles mortelles de ses administrés, il aurait pris le soin de les enterrer dignement, « en les mettant même dans des cercueils de fortune ou en faisant appel aux officiants religieux pour les prières dues aux morts, après avoir pris le soin d’informer la population sur l’enterrement de ces corps ».

De l'avis de cette association qui ne croit pas à l’indépendance de la justice congolaise, bien qu’il y ait l’ouverture d’une enquête par le Parquet général de la République sur la fosse commune de Maluku, il serait nécessaire qu’une commission d’enquêtes internationale soit mise en place. Cette dernière aura comme mission, selon Justica ASBL, d’enquêter sur toutes les fosses commune existant dans la capitale congolaise et à Lubumbashi, en déterminant les causes et les circonstances des décès et faire ressortir les responsabilités. « Justicia ASBL croit que votre gouvernement a brillé par un manque d’humanisme sans précédent et un mépris à l’être humain congolais à travers ces pratiques suspectes et immorales de fosses communes et vous exhorte ainsi à démissionner de votre fonction de chef de gouvernement », a souligné cette ONG. Pour Justicia ASBL, cette démission aura surtout le mérite de permettre de négocier la mise en place d’une commission d’enquêtes internationale à même d’éclairer l’opinion sur ces faits « graves ».

À défaut de le faire, cette ONG en appelle aux parlementaires de toutes tendances confondues « épris de paix, de justice et de bonne volonté et ayant à cœur le respect de la personne humaine », d’initier une motion de défiance au Parlement en l’encontre du Premier ministre. Justicia Asbl menace déjà le chef du gouvernement de saisir, en concertation avec d’autres organisations et des familles des victimes, les instances de la Cour pénale internationale pour faire ressortir sa responsabilité individuelle du fait de sa qualité de chef d’un gouvernement qui aurait commis ces crimes. Pour Lubumbashi, l’ONG a rappelé que plusieurs adeptes du prophète Mukungubila ont été tués le 31 décembre 2014 et enterrés dans de fosses communes qui seraient dans la commune de la Ruashi.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le premier ministre Austin Matata Ponyo