Le train Gazelle va entrer en gare…

Samedi 17 Janvier 2015 - 12:00

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Le CFCO doit faire face à de nombreux défis, certains sont lourds mais la plupart n’attendent qu’un simple jugement de bon sens en faveur des passagers.

Je commence à croire qu’il y a un petit génie, un mauvais génie, qui s’amuse tout là-haut (ou quelque part) à nous empoisonner la vie à s’amuser à nos dépens. Il détricote à sa guise, déploie ses pointes piquantes quand il veut, puis remet tout en ordre quand il a fini de jouer. C’est-à-dire de se jouer de nous. Vous en doutez ? Suivez-moi, chers incrédules et vous vous ferez un jugement.

Nous sommes en gare de Nkayi et nous attendons le train Gazelle pour « monter » sur Pointe-Noire. L’agent au guichet de la gare est un homme bourru qui traite les clients avec la délicatesse d’un chien de garde. « Quoi, vous ne voyez pas que je sers d’abord ceux qui vont à Pointe-Noire ! ». « Vous voulez votre différence ? Il fallait prévoir votre monnaie ; moi, je n’en ai pas ! »

Inutile de jouer les « tu sais qui je suis ? ». Il y en a qui ont raté leur voyage pour moins que cela. Il faut donc arrondir son dos, bougonner dans son coin, prendre son mal en patience. C’est ce que nous faisons tous avec d’autant plus de compréhension que le train nous est annoncé pour bientôt. Au guichet, en me lançant mes billets, l’agent avait dit : « le train, c’est à 14 h ». Et croyez-moi si vous voulez mais à 13h30 les haut-parleurs crachotant nous annonçaient déjà que le train Gazelle était à Madingou, c’est-à-dire la gare d’avant. Donc, il n’y avait qu’une demi-heure d’attente et tout serait conforme aux écrits sur le tableau noir des annonces.

Mais c’est ici que le petit génie malveillant en scène. Sous la forme tout d’abord d’un curieux accident. Un train était en manœuvre pour détacher, accrocher et raccrocher des wagons de marchandises à une rame. À un point de raccordement des voies de dégagement, juste en face de la gare, un des wagons penche et rate son bon passage  sur la voie. Déraillement. Amusant. Inquiétant pour la suite.

Puis le temps passe. Il est 14h40, et toujours pas de train Gazelle en vue. Toujours l’agent irascible : « mais tu n’as pas compris que la locomotive « du » Gazelle est en détresse à Madingou et qu’on part la tirer ?!! ». Inutile de répondre : « Non, je ne savais pas, vu qu’aucune annonce ne nous a été faite… ». Il risquerait de fermer sa gare et de partir manger ! Or moi j’attends un menu de table… Donc je me mêle à l’attente des autres. Les moustiques sont particulières féroces pour qui est de mauvaise humeur. Du moins côté voyageur…

Bref, sans information, sans soutien, sans égard de la part du personnel de gare, c’est à 20h10 que je prends mon train de 14h. Et à 3h du matin  que j’arrive à Pointe-Noire. À 4h du matin que je me mets au lit. À 5h30 que je me lève. Et que, pour mon voyage retour (sur Brazzaville), le train Gazelle n’a pu encaisser mes 22.000F de billet qui sont allés à une compagnie aérienne très diligente. Elle a mis 45 minutes de vol pour arriver à Brazzaville. Par rapport aux 6 heures pour attendre le train à Nkayi, le compte est vite fait.

Lucien Mpama