Numéro spécial Francophonie : Le dynamisme économique de l’Afrique est du côté des ses pays anglophonesMercredi 12 Novembre 2014 - 7:00 À ce jour, la croissance africaine est plutôt tirée par les économies des États anglophones, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Un dynamisme économique qui tarde à trouver ancrage en Afrique francophone L’Afrique francophone tarde à se faire un label économique. La vingtaine de pays ayant l’anglais en partage en Afrique constitue le moteur de l’économie subsaharienne. Exception faite, avec prudence, de la Côte d’Ivoire et de certains pays francophones d’Afrique centrale comme le Congo, le Cameroun ou le Gabon, tous les autres connaissent des économies faibles par rapport aux pays anglophones, plus dynamiques économiquement. Le top-5 africain du World Economic Forum est dominé par les pays d’Afrique anglophones, à savoir l’île Maurice, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Botswana. Sur le plan commercial également, la part des pays anglophones dépasse largement celle des économies francophones. À eux seuls, le Nigeria et l’Afrique du Sud représentent plus d’un quart d’entre eux. S’ajoute un nouveau venu qui est le Ghana, qui affiche des indicateurs économiques encourageants et compte damer le pion à ses voisins francophones – si ce n’est déjà fait –, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. L’explication donnée par les experts des questions africaines concerne un « héritage colonial qui continue de déterminer les destinées des États africains ». Et faire des affaires dans ces pays nécessite une adaptation à la culture des affaires locale, mais aussi aux institutions, et aux contraintes propres à chaque secteur et à chaque pays. Selon le PDG d’Afrique Challenge, Alioune Gueye, « les pays anglophones ont hérité le pragmatisme du système anglo-saxon, et ceux des pays francophones d’une formation orientée vers la profession de juristes et littéraires, alors que chez les voisins de culture anglo-saxonne on retrouve une formation plus concrète : scientifiques, ingénieurs, etc. » Ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. Un autre facteur évoqué est le processus de peuplement de certains pays majoritairement anglophones, en Afrique de l’Est notamment. Pour les experts, il s’agit là, le plus souvent, d’une population ayant des origines indiennes, donc de la même famille que certaines populations asiatiques. Cette proximité culturelle aurait favorisé les échanges entre ces deux zones géographiques. À cela s’ajoute l’avantage de communiquer dans la même langue internationale la plus parlée au monde, l’anglais. Or du côté francophone, on remarquera que les Français et les Canadiens, qui ont une proximité culturelle et la langue française en partage avec l’Afrique, même installés durablement sur le continent, refusent de prendre la nationalité et de s’impliquer politiquement dans le pays d’accueil, ce qui serait un apport utile et favorable au vivre ensemble, se considérant toujours comme des étrangers. Il apparaît donc que l’espace francophone est plus complexe et plus diversifié que l’espace Commonwealth, un lieu d’identité multiple qui a besoin d’un renforcement de connivence, et le français « une langue de copropriété » disait le président français François Mitterrand, une « langue de non-alignement » disait de son côté l’ancien secrétaire général de l’OIF Boutros Boutros Ghali. Mais cet espace a besoin de réajustement pour s’intégrer mieux au dialogue fécond entre le Nord et le Sud, deux mondes appelés à cohabiter durablement au nom de la solidarité internationale et du développement économique. Report du troisième sommet Inde-Afrique Noël Ndong |