Numéro spécial Francophonie : La santé des femmes au Congo

Mardi 11 Novembre 2014 - 16:00

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Le docteur Marie Francke Puruehnce, conseillère du président de la République du Congo, chef du département de la Santé publique et de la Population et secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida du Congo-Brazzaville, s’entretient avec Les Dépêches de Brazzaville

Marie Francke PuruehnceLes Dépêches de Brazzaville : Quel lien faites-vous entre la santé des femmes, des jeunes et le développement ?
Marie Francke Puruehnce : Dans les pays en développement, la population est majoritairement composée de femmes et de jeunes. Ils représentent de ce fait l’avenir et le développement de ces nations. La bonne santé de ces habitants est une condition sine qua non de ce progrès, car ils constituent un levier puissant et incontournable du développement durable et transgénérationnel. Cette dimension santé est prise en compte dans le programme national de développement sanitaire du Congo, avec des politiques de santé publique visant à lutter contre la pauvreté, la morbi-mortalité élevée des femmes, le faible niveau d’éducation des jeunes, le VIH et les infections sexuellement transmissibles, la consommation d’alcool, de tabac et de drogues.

Quels objectifs concernant la santé des femmes et des jeunes seraient à intégrer dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015 ?
Dans l’agenda post-2015, il serait intéressant pour les pays de se focaliser sur quatre principaux défis. D’abord, combattre les pesanteurs socio-culturelles, qui contribuent à la vulnérabilité des femmes et des jeunes, par l’éducation et l’application de lois spécifiques, ce qui est particulièrement vrai pour les filles (lévirat, sororat, excision, mariages forcés, violences sexuelles) ; ensuite, lutter contre la pauvreté, renforcer l’autonomisation des femmes et améliorer l’accès aux soins en intégrant des critères respectueux des adolescentes ; enfin, mettre en place des programmes d’éducation spécifiques à travers des centres pour jeunes.

En quoi les inégalités entre hommes et femmes impactent-elles la santé des femmes au Congo ?
Plusieurs facteurs concourent à la dégradation de l’état de santé des femmes, notamment la pauvreté et l’analphabétisme qui réduisent l’accès aux services sociaux de base, l’infection par le VIH-sida, les violences sexo-spécifiques qui portent atteinte à la santé mentale et physique des femmes, ou encore les mariages et les grossesses précoces…

Comment ces inégalités sont-elles intégrées dans les politiques de santé publique au Congo ?
La Constitution de la République du Congo garantit l’égalité entre les hommes et les femmes. Le programme national de développement 2012-2016 prend également en compte les spécificités de la santé de la femme. Il faut savoir qu’en 2008 une politique nationale du genre a été adoptée. Elle accorde une place importante à la prévention et aux soins des pathologies touchant prioritairement les femmes.

Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou et Florence Gabay