Ukraine : le milliardaire Porochenko remporte l’élection présidentielle dès le premier tour

Lundi 26 Mai 2014 - 15:30

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Élu avec plus de 57 % de voix dès le premier tour du scrutin, selon les résultats partiels de l’élection présidentielle qui s’est tenue ce dimanche dans un climat quelque peu tendu dans l’est du pays, Petro Porochenko, qui n’a pas attendu la proclamation des résultats officiels, a d’ores et déjà promis de poursuivre sur la voie d’une intégration européenne

L’ancien chef de la diplomatie et ministre de l’Économie dans de précédents gouvernements, classé parmi les dix plus grandes fortunes du pays, a déclaré que sa première priorité serait « d’en finir avec la guerre et le chaos dans l’est du pays et de restaurer la paix ».

Lors d’une conférence de presse lundi, le futur président ukrainien a dit qu’il ne laisserait pas les séparatistes pro-russes transformer l’est de l’Ukraine déjà en proie à une insurrection armée, en Somalie. « Ceux qui refusent de déposer les armes sont des terroristes et on ne négocie pas avec les terroristes. Ils se fichent de la fédéralisation, ils se fichent de la langue russe, leur objectif est de transformer le Donbass en Somalie, pays ravagé par la guerre civile depuis 1991 », a-t-il insisté, soulignant qu’il poursuivra l’opération antiterroriste lancée par Kiev. Petro Porochenko a en outre indiqué que son pays ne reconnaîtrait jamais le référendum qui a conduit en mars à l’annexion de la Crimée par la Russie et a rejeté cette « occupation ».

« Je ne laisserai personne faire ceci sur le territoire de notre État. J’espère que la Russie soutiendra mon approche. Je soutiens la poursuite de l’opération militaire dans l’Est, mais j’exige un changement de format. Elle doit être plus brève et plus efficace (…). Les unités doivent être mieux équipées », a poursuivi Petro Porochenko, promettant que les soldats ukrainiens seraient mieux payés et assurés. Le nouveau président qui bénéficie du soutien des contestataires du Maïdan à Kiev, s’est dit toutefois prêt à travailler ensemble avec les dirigeants russes pour mettre fin à la crise dans l’Est. « J’espère que la Russie soutiendra les efforts visant à régler la situation dans l’Est », a-t-il indiqué, ajoutant qu’il espère rencontrer les autorités russes dans la première quinzaine du mois de juin.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a précisé quant à lui, qu’il espérait que le nouveau président ukrainien élu fasse tout ce qui est possible pour éviter que des vues extrémistes s’imposent en Ukraine. Pour ce faire, il a appelé les autorités ukrainiennes à ne pas intensifier les opérations contre les séparatistes prorusses, considérant que ce serait une « erreur colossale ». Toujours selon les résultats partiels, l’ex-Première ministre Ioulia Timochenko est arrivée en deuxième position, très loin derrière le président élu, avec entre 12,4% et 12,9% des voix.

En Ukraine même et à l’Union européenne, le scrutin présidentiel qui s’est tenu le 25 mai était présenté depuis la chute de Viktor Ianoukovitch comme une étape essentielle pour doter le pays d’un pouvoir à la légitimité incontestable face aux séparatistes de l’est du pays. Fort malheureusement, le vote ne s’est pas bien déroulé dans l’est : ses opérations ont été entravées dans les provinces de Donetsk et Louhansk, où les séparatistes, qui ont proclamé le 11 mai dernier des républiques indépendantes, ont bloqué la quasi-totalité des bureaux de vote.

Avec l’élection de Petro Porochenko, un milliardaire pro-occidental âgé de 48 ans qui a fait fortune dans le chocolat, les Ukrainiens et les Occidentaux estiment que de nombreux défis vont être relevés, notamment en ce qui concerne la crise politique qui enfle depuis plus de six mois sur place, y compris la gestion de la quasi-faillite de l’économie ukrainienne. Ceci, en tenant compte des réformes économiques impopulaires imposées en échange de l’aide de 27 milliards de dollars consentie par le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne.

L’élection présidentielle anticipée en Ukraine a eu lieu trois mois après que l’ancien président Viktor Ianoukovitch a été évincé en février dernier et s’est enfui peu après en Russie. Quelque 1.000 observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) étaient déployés à travers le pays pour surveiller les conditions de déroulement du scrutin. Dans leurs conclusions sur ce scrutin, ces observateurs ont indiqué que l’élection était « conforme aux normes démocratiques » et offrait la légitimité pour « décentraliser les pouvoirs de l’État » et dialoguer avec les séparatistes dans l’est.

 

 

Nestor N'Gampoula