Violences à l’égard des femmes : deux cents décès enregistrés à Pointe-Noire

Mercredi 11 Décembre 2013 - 17:47

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Ce chiffre a été révélé par Anne-Marie Mampouya, directrice départementale de la Promotion de la femme de Pointe-Noire, au cours d’un entretien avec Les Dépêches de Brazzaville, après seize jours d'activisme

Entre le 25 novembre, Journée mondiale pour l’élimination des violences faites aux femmes, et le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme, le monde entier se mobilise durant seize jours d’activisme pour lutter contre les violences faites aux femmes à travers diverses activités de sensibilisation (conférences, expositions-photo, tribunes télévisées et interviews).

« Pendant cette période, nous faisons tout pour que les personnes adhèrent à ce combat. Il n’y a pas que la femme qui doit lutter, nous devons aussi amener vers nous les hommes qui sont les auteurs de ces violences. S’ils s’allient à nous, alors nous pourrons peut-être dire que nous allons gagner ce combat facilement », a indiqué la directrice.

Les activités se sont déroulées cette année sur le thème : « De la paix chez soi à la paix dans le monde, défions le militarisme et éliminons les violences faites aux femmes ». À Pointe-Noire, a rappelé Anne-Marie Mampouya, plusieurs activités ont été organisées, parmi lesquelles la conférence-débat organisée par la Fédération des femmes pour la paix mondiale (FFPM), en partenariat avec la direction départementale et la Caresco.

« Nous avons aussi eu deux activités avec Azur développement, dont une tribune télévisée où nous avons, avec notre psychologue, parlé des violences et des actions que nous avons menées pour lutter contre la violence, notamment la prise en charge des victimes que nous faisons en partenariat avec Azur », a telle ajouté.

Anne-Marie Mampouya a en outre rappelé la réunion qui s’est tenue à la direction départementale dans le cadre de la collecte des données statistiques des victimes des violences dont les parties prenantes sont les administrations, les associations et ONG qui font ensemble le travail. « Nous faisons ces statistiques de manière désagrégée, mais en gros, si on peut parler du nombre de violences que nous avons pu détecter jusqu’à décembre, on peut dire que nous sommes à des centaines de cas et à au moins deux cents décès. Toutes les victimes ne viennent pas volontairement nous voir pour expliquer leur situation, mais la prise en charge est faite pour celles qui se présentent à nous », a-t-elle précisé. Et de poursuivre : « Nous avons aussi accompagné certaines victimes dans la rédaction de leur plainte et dans les procédures juridiques. Nous avons plusieurs associations qui font de la prise en charge et de l’accompagnement des victimes de violence. »

Anne-Marie Mampouya a, par ailleurs, orienté la population sur les structures habilitées à accompagner les victimes de violence, comme le comptoir juridique situé à Tié-Tié, Azur développement dans l’enceinte de la paroisse Saint-Pierre, la direction départementale de la Promotion de la femme et la direction départementale des Droits de l’homme. Toutes ces structures, a-t-elle assuré, sont ouvertes à tous.

Enfin, elle a exhorté les femmes à oser dénoncer les auteurs des violences. « Avec la direction des Droits humains, nous faisons un travail de fourmi : il est très difficile, pour les femmes victimes de violence, de parler. Mais avec notre psychologue, nous essayons de les mettre en confiance pour briser le silence et dénoncer les auteurs de ces actes pour qu’ils soient punis », a-t-elle expliqué avant de conclure : « Nous sommes avec la police et la gendarmerie. Si les femmes ne viennent pas dans ces administrations, comment saurons-nous qu’elles ont été violentées ? C’est à elles de prendre confiance et de briser le silence. »

Charlem Léa Legnoki

Légendes et crédits photo : 

Anne-Marie Mampouya (© DR).