Vie et moeurs : où sont passés les adeptes de Bundu Dia Kongo ?

Mercredi 4 Avril 2018 - 19:45

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Évadé de la prison centrale de Makala en mai 2017 et introuvable depuis lors, le député Zacharie Badiengila, alias Ne Muanda Nsemi, continue de diriger ses partisans loin de ses bases et à défier le pouvoir kabiliste.

L’arrestation, le 3 mars 2017, de Ne Mwanda Nsemi, chef spirituel de Bundu Dia Kongo (BDK), dans sa résidence située dans la périphérie ouest de Kinshasa (commune de Ngaliema), n’avait pas réussi à déstabiliser son mouvement politico-religieux. Le gourou fut cueilli avec son épouse après un long siège de la police devant sa parcelle où il s’était retranché avec plusieurs de ses partisans pris en otages comme boucliers humains. Il fut transféré, le lendemain, au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa alors qu’il bénéficiait d’une immunité parlementaire.  

Ceux qui avaient cru que son arrestation allait sonner le glas de BDK ont dû déchanter à la suite de son évasion spectaculaire dans la foulée de l’attaque menée contre l’ex-prison centrale de Makala, dans la nuit du 16 au 17 mai 2017. Le lendemain, un de ses proches, en la personne de Romain Nkazi, a vite fait de revendiquer cette attaque et celle de la prison de Kasangulu, perpétrées par la milice de BDK dont on dit être investie d’un pouvoir mystique. Après cet assaut qui permit à Ne Muanda Nsemi ainsi qu’à des dizaines d’autres détenus parmi ses soutiens de se libérer, l’alerte fut alors lancée par la police avec le signalement des prisonniers évadés. Un recensement fut même lancé pour identifier les fugitifs et principalement les membres de BDK dorénavant placés dans le collimateur des services de sécurité.

C'est ainsi que le pré-carré de Ne Mwanda Nsemi, constitué de ses proches collaborateurs, était particulièrement dans le viseur des éléments de la police. La jeune Clarisse Muzozona-Mosi, chargée de la mobilisation au sein du directoire de BDK, fait encore aujourd’hui l’objet des poursuites intenses qui l’ont obligée, autant que d’autres membres de la secte, à basculer dans la clandestinité. Des recherches pour retrouver les traces de ces inconditionnels de BDK se sont intensifiées durant de longs mois et demeurent encore d’actualité au regard de leur implication dans la série de troubles ayant émaillé le Kongo central et Kinshasa au nom d’une certaine « libération ».

Cependant, après son escapade de l’ex-prison de Makala, personne ne sait dire avec précision où se terre le chef spirituel et ses principaux collaborateurs. Plus de dix mois après son évasion spectaculaire, il s'est comme volatilisé. Où se terre-t-il ? Dans la capitale, disent certains, dans la région du Pool au Congo-Brazzaville, affirment d'autres sources. Où qu'il soit, ce qui est sûr est que Ne Mwanda Nsemi continue de hanter les esprits et constitue, encore et toujours, un sérieux problème de sécurité pour les autorités. Ses vidéos régulièrement postées sur les réseaux sociaux lui permettent de continuer à exister et à mobiliser. Le 7 août 2017, dans l’une d’elle diffusée sur YouTube, il a menacé de sévir à nouveau contre le pouvoir de Kinshasa. Et depuis lors, le fugitif est resté invisible, alimentant les rumeurs tout en laissant planer la menace d’un nouveau foyer de violence en RDC. Personne ne sait avec exactitude ce qu’il est devenu. Personne non plus ne l’a plus revu en vie.

Adulé dans le Kongo central, Ne Muanda Nsemi est à la tête d’une véritable armée des fidèles que l’on dit pratiquer de la « magie ». Il promet notamment à ses ouailles la résurrection du royaume Kongo tel qu’il s’étendait au XVe siècle, de la RDC au Gabon en passant par l’Angola et le Congo-Brazzaville tout en prônant la restauration de la spiritualité préchrétienne.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Clarisse Muzozona-Mosi

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