Vatican : pardon et réconciliation, recommande le pape aux RwandaisJeudi 3 Avril 2014 - 16:35 À quelques jours du 20e anniversaire du génocide rwandais, les évêques de ce pays sont venus en visite au Vatican Il est curieux de voir combien l’histoire du Rwanda est marquée par la présence de l’Église catholique à ses moments les plus emblématiques. Au moment où s’approche la date fatidique du 7 avril, qui marque l’anniversaire du déclenchement de l’horrible génocide de 1994 dans leur pays, les évêques rwandais ont été reçus par le chef de l’Église catholique au Vatican jeudi. La visite était programmée depuis longtemps ; elle entre dans le cadre de celle que les évêques catholiques sont tenus d’effectuer tous les cinq ans pour rendre compte du fonctionnement de leurs diocèses. Mais celle des prélats catholiques rwandais cette année a revêtu un caractère très particulier du fait de l’ambiance qui est toute et partout à l’évocation des souvenirs effroyables du génocide. Il y a 20 ans, l’assassinat du président Juvénal Habyarimana par attentat contre son avion, donnait lieu au déchaînement d’une furie meurtrière de 100 jours : 800.000 morts selon les hypothèses basses. Il est singulier aussi de relever que pendant le déroulement de ces événements, beaucoup d’évêques rwandais étaient réunis au Vatican où le pape d’alors, le pape Jean-Paul II, avait réuni un synode continental sur les thèmes prémonitoires de justice et de paix. C’est pourquoi la visite de cette année ne pouvait pas faire les frais des mêmes thèmes de justice et de pardon lorsque le pape François a reçu les membres de la conférence épiscopale rwandaise. Il leur a prêché le pardon et le service pour la réconciliation. Alors que l’Église catholique a parfois été accusée de complicité, au moins, dans tous les actes du génocide qui se sont parfois perpétrés dans des églises et des sanctuaires, le pape François a recommandé aux évêques rwandais de poursuivre malgré tout leur action de service envers la nation tout entière. « Ne craignez pas de mettre en relief l’apport irremplaçable de l’Église au bien commun. Je sais que le travail accompli, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé, est considérable. Et je salue, à ce propos, l’œuvre persévérante des Instituts religieux, qui, avec tant de personnes de bonne volonté, se dévouent auprès de tous ceux que la guerre a blessés, dans leur âme ou dans leur corps, en particulier les veuves et les orphelins, mais aussi auprès des personnes âgées, des malades, des enfants (…). L’éducation de la jeunesse est la clé de l’avenir dans un pays où la population se renouvelle rapidement », a réaffirmé le pape. Pour le chef de l’Église catholique, l’avenir d’un Rwanda apaisé passe incontournablement par cette jeunesse qu’il faut aimer, estimer et respecter et qu’il faut former aux valeurs de paix et de pardon. C’est sur les jeunes, a dit le pape, qu’il faut aujourd’hui diriger les efforts de formation et d’évangélisation du Rwanda « car c’est sur eux que repose son avenir. Pour cela il convient de renforcer la pastorale à l’Université et dans les écoles, catholiques et publiques, en cherchant toujours à relier la mission éducative et l’annonce explicite de l’Évangile, qui ne doivent pas être séparées ». Lucien Mpama |