Vatican : le pape dit qu’il n’est pas un superman !

C’est un des rares moments où le chef de l’Église catholique a attiré les projecteurs sur sa personne : il a accordé une interview à deux journaux à grand tirage italiens. « Les interprétations idéologiques, une certaine mythologie du pape François ne me plaisent pas. Quand on dit par exemple qu’il sort de nuit du Vatican pour aller donner à manger aux clochards. Cela ne m'est jamais venu à l'esprit ! » Protestation très papale donc, rapportée par les deux plus grands quotidiens italiens La Repubblica et La Stampa.

C’est la troisième interview que le pape accorde aux médias. Et comme les deux premières, le ton y est le même : de la fermeté dans un langage de simplicité, pas pontifiant. « Sigmund Freud disait, si je ne me trompe, que toute idéalisation est une agression. Dépeindre le pape comme une sorte de superman, une espèce de star, m'offense. Le pape est un homme qui rit, qui pleure, qui dort tranquillement et qui a des amis. Une personne normale », soutient le chef de l’Église catholique qui se dit excédé par la « Francescomania » dont il est entouré dans l’opinion.

Dans cette interview, le souverain pontife règle aussi une autre suspicion qui commence à devenir récurrente dans la presse qui le voit dans une cohabitation malaisée avec son prédécesseur, le pape émérite Benoît XVI, qui vit retiré à quelques pas de lui, au Vatican. Il explique qu’il s’agit d’une richesse, et non pas d’une gêne. D’ailleurs, ce dernier avait lui aussi tenu à mettre les points sur les i, toujours dans une interview, il y a deux semaines dans la presse : « Je suis reconnaissant de pouvoir être lié par une grande identité de vues et une amitié de cœur au pape François. Je considère que mon unique et ultime devoir est de soutenir le pontificat par la prière. »

Pour en revenir au pape François, il a abordé plusieurs autres thèmes d’importance dans son interview, une démarche assez inhabituelle pour un souverain pontife. Par exemple, les journalistes lui ont demandé pourquoi avoir renouvelé son passeport argentin vu que, comme chef du Vatican, il a désormais un passeport diplomatique à disposition en tant que chef d’État. Réponse : il n’a aucune « nostalgie » pour son Argentine natale, mais son « passeport argentin est arrivé à échéance », et il fallait le renouveler. C’est aussi simple que cela.

Décidément les temps sont aux chefs d’État « normaux », après le président français – un autre François ! - qui en avait fait un argument de campagne. Pour le pape François, cette normalité est aussi à voir dans le maniement des mots. « Je n'ai jamais compris l'expression “valeurs non négociables”. Les valeurs sont des valeurs, et c'est tout. Je ne peux pas dire qu'entre les doigts d'une main il y en a un qui est moins utile qu'un autre. Pour cette raison, je ne saisis pas dans quel sens il peut y avoir des valeurs qui seraient négociables. » Plus qu’une question de langage, le pape règle là aussi subtilement ses comptes avec certains cardinaux de la curie qui lui ont reproché de ne pas s’en tenir aux formulations habituelles de l’Église.