Union africaine : un plaidoyer en faveur du multilatéralisme dans l'ordre mondial émergent

Mercredi 25 Octobre 2017 - 14:30

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Les participants à la huitième retraite annuelle de l’organisation continentale, tenue du 24 au 25 octobre à N'Djamena, au Tchad, ont défendu la cause d'un multilatéralisme   dans la prévention de la paix et dans la gestion des crises en Afrique et dans le monde.

La réunion de N'Djamena a été organisée sur le thème « l’Ordre mondial émergent, le multilatéralisme et l’Afrique ». Les discussions ont été axées sur la quête de l’Afrique pour une coopération mondiale et régionale, afin de relever les défis mondiaux, y compris dans le domaine de la paix et de la sécurité. Cette rencontre a permis d’examiner le rôle critique de l’Afrique dans la définition et la mise en œuvre de l’Agenda 2063.

Pendant deux jours, il a été question de forger une compréhension commune de la tendance du multilatéralisme et de son impact sur le continent. Cinq principaux thèmes ont structuré la réunion: identifier les défis auxquels le multilatéralisme est confronté; examiner des expériences comparatives du multilatéralisme; discuter des voies et moyens permettant de rendre le multilatéralisme plus efficace pour l'Afrique et ses peuples; examiner l'action multilatérale pour les avantages publics et, enfin, réfléchir sur les enseignements tirés et la démarche à suivre, en accordant une attention particulière au rôle de l'Union africaine (UA) dans l'ordre mondial émergent.

« S'il est vrai que l'Afrique a, dans une certaine mesure, profité des effets positifs du multilatéralisme dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, il est tout aussi indiscutable que le nouvel ordre émergent soulève de sérieuses interrogations, en ce qu'il met en péril les chances de progrès et de stabilisation du continent. Il est perçu comme ce qu'il est, à savoir un instrument au service des intérêts des plus forts de la planète », a déclaré Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l'UA.

Selon lui, le multilatéralisme connaît une des plus graves crises de son histoire avec les incertitudes pesant sur les Accords de Paris sur le changement climatique, la montée des populismes et les replis identitaires et autres qu'ils génèrent, les mesures de protectionnisme commercial prises par certains Etats, les réductions récentes des contributions financières aux missions internationales onusiennes. « Le principe même du multilatéralisme subit actuellement des tentatives d'amoindrissement, voire de remise en cause, qui s'expriment par la réduction unilatérale du budget des Nations unies, le retrait de l'Unesco, le Brexit, la dimension hors-norme d'une crise entre Etats membres d'organisations régionales qui fige la Ligue des Etats arabes et le Conseil de coopération du Golfe », a renchéri Smaïl Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA.

Pour les responsables de l'organisation africaine, il faut réfléchir et préserver l'approche multilatérale et en renforcer l'efficacité, principalement dans un domaine aussi urgent qu'est le dispositif mondial de paix et de sécurité. Le président de la commission de l’UA a exhorté la communauté internationale à appuyer entièrement des formes novatrices de coopération régionales qui sont en train d'être expérimentées, notamment la force mixte multinationale pour le bassin du lac Tchad et la force conjointe du G5 Sahel.

L'UA, elle, veut donner priorité à la prévention. « Plutôt que de soumettre à un"déterminisme gestionnaire"  des crises, faisons en sorte que nous réduisions les risques de leur éclatement. Il n'y a pas d'autre stratégie pour ce faire que l'amélioration de la gouvernance politique, économique, démocratique et électorale. La pauvreté, les injustices, les inégalités, les exclusions, les déficits des libertés, les violations des droits du citoyen sont parmi les causes de nos crises. Plus ils reculent, moins les crises naîtront », a plaidé Moussa Faki Mahamat. Il s'est ensuite réjoui des avancées enregistrées au Burkina Faso et en Gambie, en Afrique de l'ouest, et a plaidé pour une approche multilatérale fondée sur des principes universels en République Démocratique du Congo, au Burundi, en Somalie, en République Centrafricaine, au Soudan du sud, en Libye et au Mali.

Josiane Mambou Loukoula

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