Union africaine : réunion du Conseil de paix et de sécurité consacrée à la Centrafrique, au Soudan du Sud et à l’Égypte

Jeudi 30 Janvier 2014 - 8:00

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Les trois pays ont constitué l’ordre du jour de la 416e réunion du Conseil de paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine tenue le 29 janvier à Addis-Abeba sous la présidence du chef de l’État guinéen, Alpha Condé, président de l’instance pour le mois de janvier qui s’achève

À l’ouverture des assises prévues pour durer deux heures, le huis clos des parties en présence s’est achevé au bout de trois heures par l’adoption de trois déclarations séparées, dans lesquelles le CPS a réitéré sa décision de « rester activement saisi de la situation » dans les pays concernés.

Renforcer la Misca

On y retient pour la Centrafrique, outre la préoccupation des dirigeants devant la poursuite des violences dans ce pays, l’appel au renforcement de la Misca (Mission internationale de sécurisation de la Centrafrique) lancé par le CPS à la communauté internationale. Aux voix qui s’élèvent pour demander le déploiement dans ce pays d’une mission de maintien de la paix sous mandat de l’ONU, le CPS, qui ne s’y oppose pas par principe, souhaite que la Misca soit dotée de moyens adéquats pour mener à bien sa tâche.

« Le Conseil souligne la nécessité de s’assurer que tous les efforts internationaux soient orientés vers le renforcement de la Misca et la mobilisation à son profit des ressources nécessaires pour lui permettre de s’acquitter effectivement de son mandat et d’ouvrir la voie au déploiement éventuel d’une opération de maintien de la paix des Nations unies », note la déclaration.

Le Conseil estime qu’il est important, avant toute décision de changer le statut de la Misca et de mener une évaluation de l’action de cette dernière. Dans cette optique, il dit prendre bonne note de la mission qu’une équipe du département des opérations de maintien de la paix des Nations unies effectuera du 4 au 15 février en République centrafricaine.

Le Conseil a par ailleurs renouvelé sa confiance et son entier soutien au président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, le chef de l’État tchadien, Idriss Deby-Itno, ainsi qu’au président du Comité de suivi et médiateur dans la crise centrafricaine, le président congolais, Denis Sassou-N’Guesso.

Préoccupé par les dysfonctionnements qui pourraient entourer la mise sur pied d’une mission onusienne dans un pays qui a cessé de vivre comme un État, le CPS exprime sa volonté de voir tous les partenaires engagés pour cette cause établir des consultations régulières et utiles afin d’assurer le succès d’un tel engagement.

Respecter le cessez-le-feu, promouvoir la réconciliation en Égypte

Pour ce qui est du Soudan du Sud, le CPS appelle les belligérants à mettre en application l’accord de cessez-le-feu conclu le 23 janvier à Addis-Abeba. Le Conseil souligne « l’importance de l’engagement pris par les parties à un dialogue global et un processus de réconciliation, afin de trouver des solutions aux questions liées à la crise et de jeter les bases d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité durables dans leur pays », peut-on lire.

La réconciliation nationale : telle est aussi l’invite faite par le CPS aux autorités égyptiennes. Le Conseil dit « attendre avec intérêt » que les disposions prises pour le retour à l’ordre constitutionnel soient effectives. Après la destitution du président Mohamed Morsi par les militaires l’année dernière, l’Égypte connaît une situation exceptionnelle de violences. L’adoption les 14 et 15 janvier d’une nouvelle constitution ouvre la voie à l’organisation de l’élection présidentielle et des législatives. Le souhait du CPS est que ce processus permette aux Égyptiens de ramener la paix dans leur pays.

Paix, sécurité et bonne gouvernance

Il est clair, au regard des déclarations du CPS, qui mêlent diplomatie et vives interpellations des acteurs au conflit, que pour les trois pays, comme pour d’autres, traversés par des conflits internes, le rôle de cet organe doit devenir plus déterminant.

Pour la présidente de l’Union africaine qui s’exprimait à l’ouverture de la réunion, « il est urgent de doter l’Afrique d’une capacité prête et robuste pour punir effectivement ou à défaut de cela, de répondre, de réagir aux conflits dès leur apparition ». C’est pour elle la seule façon de permettre à l’Afrique de résoudre par ses propres moyens les menaces qui touchent à sa stabilité.

De son côté, Alpha Condé, abondant dans le même sens, liait aussi la lutte contre la résurgence ou la recrudescence des violences à la capacité des États à promouvoir la bonne gouvernance. À ses yeux, les rébellions, le terrorisme, le trafic de drogue, la piraterie sont des défis auxquels l’Afrique doit faire face sans tergiverser. Dans le même temps, insiste-t-il, les pays doivent, pour s’en prémunir, s’engager dans la bonne gouvernance, assumer la meilleure redistribution des richesses, offrir du travail aux jeunes.

La réunion du CPS regroupait entre autres dirigeants les présidents Denis Sassou-N’Guesso, Idriss Deby-Itno, Teodoro Obiang-Nguema, Yoweri Museveni, et les représentants des chefs d’État des pays dont, pour certains, le mandat de deux ans au Conseil prend fin avec l’élection de nouveaux membres.

Gankama N’Siah

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 et 2 : Le présidium de la réunion du CPS le 29 janvier 2014. (© Adiac) ; Photo 3 : La réunion du CPS le 29 janvier 2014. (© Adiac)