Terrorisme: le spectre d'un « nouveau Chibok » plane encore

Jeudi 22 Février 2018 - 11:15

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L’attaque d’une école de filles par les combattants de Boko Haram ravive la menace d’un kidnapping de masse, semblable à celui de Chibok, en 2014. Deux jours après l'agression, 76 écolières sur les 111 lycéennes ont été retrouvées par l'armée nigérienne.

Les insurgés du groupe jihadiste nigérian, lourdement armés, ont mené le 19 février un assaut sur le village de Dapchi, dans l'Etat de Yobe, tirant en l'air et faisant exploser des grenades, selon les témoignages des habitants, recueillis par l'AFP. La plupart des élèves et les professeurs de la Girls' Science Secondary School, un internat, se sont enfuis en brousse, craignant d'être enlevés par les combattants, comme ce fût le cas pour les lycéennes de Chibok dans l'Etat voisin du Borno, il y a quatre ans.

Selon le ministre de la Police de l'Etat de Yobe, Abdulmaliki Sumonu, « huit-cent-quinze étudiantes sont rentrées » à Dapchi où elles ont été « vues », sur un total de 926 élèves. « Les (111) autres sont manquantes », a-t-il déclaré, tout en précisant qu' « aucun cas d'enlèvement n'a pour l'instant été établi ».

« Nous étions dans la mosquée sur le point de commencer les prières du soir quand nous avons entendu des coups de feu. Dans la panique, certaines ont escaladé la clôture et sauté dans des véhicules stationnés à l'extérieur, sans savoir à qui ils appartenaient », a expliqué l'une des jeunes filles, âgée de seize ans, qui décrit « une expérience traumatisante ».

Aisha a dit être parmi les « chanceuses » qui sont « rentrées en courant » dans l'école jusqu'au bureau de la directrice, où elles sont restées cachées en attendant que les insurgés repartent. « Nous sommes sans nouvelles de celles qui sont entrées dans les véhicules. Nous avons le sentiment qu'elles ont été emmenées par les hommes armés », a-t-elle ajouté.

L'internat, qui accueille des filles âgées de onze ans et plus, a été fermé pour une semaine, mais les familles des élèves manquant à l'appel se sont rassemblées dans la matinée devant ses portes pour réclamer des explications, craignant le pire. « On nous a dit qu'elles s'étaient réfugiées dans d'autres villages, mais nous avons été dans tous ces villages mentionnés, en vain », a déclaré Abubakar Shehu, dont la nièce fait partie des disparues. « Nous commençons à craindre que le pire se soit produit. Nous avons peur d'avoir affaire à un nouveau scénario de Chibok », a-t-il ajouté.

Le groupe jihadiste Boko Haram, dont le nom signifie « l'éducation occidentale est un péché », mène depuis 2009, une insurrection sanglante dans le nord-est du Nigeria ayant fait plus de 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés. Il a kidnappé des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, mais c'est l'enlèvement de276 lycéennes à Chibok, en 2014, qui avait déclenché une vague d'indignations mondiales, donnant au groupe une tragique notoriété sur la scène internationale.

Le président Muahammadu Buhari a ordonné à l'armée « de prendre immédiatement les choses en main » et de « l'informer de l'évolution de la situation ». Les véritables motivations des assaillants à Dapchi restent floues, même si certains villageois affirment qu'ils ont visé en priorité l'établissement scolaire. Après s'être rendus dans l'école déserte, les insurgés ont, en outre, pillé plusieurs magasins à la recherche de vivres et de matériel, selon des médias locaux.

Les rumeurs de paiement de rançons en échange des lycéennes de Chibok libérées pourraient inciter le groupe jihadiste à commettre d'autres enlèvements, prévient Amaechi Nwokolo, analyste pour le Roman Institute for International Studies à Abuja. « Ils ont compris que les kidnappings peuvent être un nouveau moyen de récupérer de grosses sommes d'argent » pour acheter des armes, des munitions et des véhicules, souligne-t-il. Mais selon d'autres observateurs, la quête de moyens de subsistance au jour le jour reste le principal objectif du groupe jihadiste.

Josiane Mambou Loukoula

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