Tanganyika : Justicia Asbl rappelle une crise humanitaire oubliée

Mercredi 29 Mars 2017 - 16:55

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L’ONG note que les conflits enregistrés dans cette province ont fait des victimes parmi les deux communautés (pygmée et bantoue) dont plus d’une centaine de morts, des milliers des blessés par flèches empoisonnées et autres armes blanches ainsi que près de 400 mille déplacées, des champs pillés et des villages incendiés.

Dans un communiqué publié le 29 mars 2017, l’ONG de promotion et de défense des droits de l’homme et du droit international humanitaire Justicia Asbl, basée en RDC s’est dit vivement préoccupée par la recrudescence du conflit identitaire dans la  province du Tanganyika, avec comme conséquences immédiates, une crise humanitaire grave sur les nombreuses victimes ainsi que les personnes déplacées.

A en croire cette organisation, c’est depuis début septembre 2016 que les hostilités ont repris entre les populations pygmées et bantoues en  territoire de Nyunzu « dans l’indifférence totale, si pas l’impuissance frisant une complicité des autorités politico-administratives à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ». Justicia Asbl a, en effet, rappelé que ces conflits ont fait des victimes parmi les deux communautés et plus d’une centaine de personnes tuées, des milliers des blessés par flèches empoisonnées et autres armes blanches ainsi que près de 400 mille déplacées de leurs domiciles, des champs pillés et des villages incendiés.

Dans l’historique de ces conflits, cette ONG a noté que le conflit entre les deux communautés dans les territoires de Manono et Kabalo avait éclaté depuis 2013, faisant plusieurs centaines des personnes tuées. « Trente-deux personnes furent inculpées lors d’une procédure judiciaire entachée de beaucoup d’irrégularités organisée à Lubumbashi. Parmi ces irrégularités, Justicia Asbl a dénombré la constitution très tardive des parties civiles, elles même en difficulté d’être présentes aux audiences, ainsi que par l’impossibilité matérielle pour la Cour d’Appel de se déployer sur le terrain en vue de la reconstitution des faits et l’audition d’autant des témoins possible », a souligné cette organisation qui a noté qu’il en était résulté l’acquittement de presque toutes les personnes arrêtées, consacrant une prime à l’impunité. Au mois de novembre 2016, a regretté cette Asbl, toutes les missions humanitaires qui se rendaient sur place pour évaluer les besoins sociaux et humanitaires des personnes déplacées ont subi des attaques et ont dû rebrousser chemin à cause de l’insécurité.

Une situation persistante

Justicia Asbl a relevé que les violences continuent de se commettre dans la province du Tanganyika, nonobstant l’organisation des mini-forum en novembre 2016 suivi du forum, sanctionné par la signature des accords de non-agression,  tenu du 22 au 27 février 2017, auquel ont pris part les représentants des pygmées et bantous, les leaders d’opinion, les acteurs politiques, les députés nationaux et provinciaux ainsi que les membres du gouvernement. Les dernières en date remontent, a soutenu cette ONG, au 21 mars 2017 à plus ou moins 145 km de la cité de Manono où une milice bantoue a fait incursion dans un camp des pygmées causant la mort de dix-huit personnes de suite des affrontements qui s’en sont suivis.

La Monusco et les FARDC dépassées

Justicia Asbl fait, en effet, constater d’une part, que les troupes de Fardc et de la Monusco ont semblé bien dépassées par les évènements et ne pouvaient pas assurer une bonne protection des populations civiles et d’autre part, les miliciens bantous ou pygmées bénéficieraient de l’appui de certaines personnes influentes et groupes politiques pour des intérêts encore obscures. « Ceci risquerait de faire plusieurs victimes dans une indifférence totale des autorités gouvernementales », a averti cette ONG.

Devant ces faits et la crainte de leurs conséquences, Justicia Asbl exhorte le gouvernement congolais, à mettre à la disposition des forces de sécurité, des moyens conséquents pour qu’elles assurent la sécurité des personnes et de leurs biens ainsi qu’à des poursuites de tous les tireurs des ficelles dans l’ombre de ce conflit, quelque soit leur qualité.

L’ONG attend du Procureur général près la Cour d’appel de Lubumbashi, d’ordonner l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les exactions qui se commettent dans cette province. Alors qu’aux humanitaires, elle recommande d’user de tous les efforts pour que les populations bénéficient d’une assistance humanitaire conséquente.

Lucien Dianzenza

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