Santé publique : Brazzaville marque une nouvelle étape dans la prise en charge des couples infertiles en AfriqueMardi 17 Février 2015 - 15:00 Le 5e congrès du Groupe interafricain d’étude, de recherche et d’application sur la fertilité (Gieraf) qui s’est tenu à Brazzaville, du 10 au 14 février a fait progresser le processus de prise en charge de l’infertilité du couple en Afrique. À l’instar des avancées scientifiques, les assises de Brazzaville ont renouvelé les instances dirigeantes du Gieraf. Le congrès s’est tenu sur le thème de « l’Infertilité masculine en Afrique ». Un choix du sujet motivé sans doute par le fait que les hommes ont du mal à admettre leur responsabilité dans l’infécondité du couple, surtout lorsque leur comportement sexuel est plus que satisfaisant. Jusqu’à un moment, en effet, la femme a porté le poids de la responsabilité lorsqu’un enfant n’arrive pas dans le couple. Le congrès de Brazzaville, présidé par le professeur Jean Noel Hugues et placé sous le patronage du ministre congolais de la Santé et de la population, François Ibovi, a eu le privilège de décomposer ce thème en table ronde, sessions et ateliers, en vue d’obtenir les résultats escomptés. Les participants, des médecins spécialistes, biologistes, pharmaciens et autres experts, venus de plusieurs pays d’Afrique et de l’Europe ont revisité la prise en charge de l’infertilité. « Il y a eu des formations et des ateliers pratiques très intéressants. Je pense que cela va ouvrir les portes à des techniques de pointe de prise en charge de l’infertilité en Afrique et au Congo, notamment en matière d’endoscopie et même des PEMA », a souligné le Dr. Ernestine Gwet-bell du Cameroun, dont le mandat à la tête du Gieraf est arrivé à son terme au cours de ce congrès. Pour faire progresser la prise en charge et présenter des techniques novatrices, des ateliers d’hystéroscopie, d’échographie, de biologie du sperme, de stimulation ovarienne se sont déroulés au Centre hospitalier et universitaire (CHU)de Brazzaville et au laboratoire national. Des démonstrations sur une vingtaine de patients ont permis de saisir l’opportunité et l’importance de la formation, mais aussi d’équipement en matériels moderne. A l’instar des travaux pratiques, le congrès a abrité une cinquantaine de communications scientifiques portées notamment sur « l’exploration de l’homme infertile, la prise en charge des azoospermies, fibrome et infertilité »… Problème de santé publique, l’infertilité affecte en Afrique environ 15 à 20% des couples en désir d’enfants. L’infertilité est considérée comme un drame, mais c’est en Afrique où le sujet est exacerbé en raison des considérations culturelles. La question est encore taboue dans certains milieux. Si hier le tort n'était attribué qu’à la femme, des études rapportent que les responsabilités sont partagées avec 50% des cas où l’infertilité est imputée à l’homme. La plupart du temps, en Afrique surtout, les couples affectés consultent le médecin très tard, après avoir été sans succès chez les tradi-praticiens, guérisseurs, dans les églises et dans d’autres lieux où l’on espère à un miracle. Au final, le temps est passé et la maladie s’est aggravée. C’est parce que la médecine de la reproduction semble ne pas être bien perçue que le Gieraf en a fait son champ de bataille. Il s’agit pour les professionnels de la santé de créer la confiance au sein du couple afin d’accéder à l’information, de poser des diagnostics corrects et de prendre en charge de façon efficace l’infertilité. Cependant, suggère les experts, il revient aux Etats d’aider à la formation des médecins, de créer le cadre juridique et de moderniser les établissements sanitaires en équipements nécessaires pour les soins de qualité. Le 5e congrès du Gieraf a permis le renouvellement du bureau de ce groupe d’experts internationaux. A la tête du Gieraf pour deux mandats, le Dr Ernestine Gwet-bell a cédé sa place au Dr Djebi Diakité du Mali qui prendra le soin de présider pour deux ans aux destinées de l’organisation, mais aussi d’organiser le prochain congrès du Gieraf prévu en 2017, en Côte d’Ivoire. Quentin Loubou |