République Centrafricaine : à quand le déploiement des troupes européennes?

Lundi 31 Mars 2014 - 20:12

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À l’issue d’une réunion, les diplomaties européennes ont indiqué, le 30 mars, que les dernières contributions nécessaires ont pu être mobilisées pour lancer la force européenne - Eufor-RCA - à Bangui

« La réunion du 28 mars a permis d’entériner de nouvelles contributions en matière de transport aérien stratégique et d’aide au déploiement de l’opération Eufor-RCA », ont affirmé les mêmes sources. Pour l’heure, des détails des nouveaux apports ne sont pas encore connus, mais dans un communiqué, l’Allemagne a annoncé qu’elle allait mettre à disposition deux avions de transport Antonov. « Il est de notre responsabilité européenne partagée de mettre en commun toutes les capacités nécessaires », a indiqué le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.

En effet, après de multiples retards dus à des difficultés logistiques, l’Union européenne semble sur le point de lancer sa mission militaire dans ce pays en proie à des exactions. Sur place, les violences continuent. Cette mission militaire viendra appuyer les forces françaises (Sangaris) et africaines (Misca) déjà présentes sur le terrain.

Une porte-parole de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l’UE, a annoncé que de « nouvelles contributions » et un effort supplémentaire de la part de la France avaient permis de lever les dernières incertitudes. La décision de lancer ce déploiement de troupes et la date de l’opération doivent être formalisées.

La mission Eufor-RCA pourrait atteindre un millier d’hommes dépêchés dans un premier temps pour six mois à Bangui et dans les environs de la capitale. Initialement, elle aurait dû être opérationnelle dès la fin du mois de février, mais les retards se sont accumulés, faute d’effectifs et de matériels suffisants. Des problèmes qui semblent être désormais réglés, grâce notamment à l’Allemagne qui a offert deux avions de transport. Berlin ne devrait en revanche envoyer qu’une poignée de soldats sur place.

« La première chose c’est qu’on a négocié ensemble pour que la mission en Centrafrique soit une mission européenne. C’est important de montrer que dans une crise humanitaire, ce n’est pas que le travail d’un pays, même s’il a des liens historiques forts ; c’est notre responsabilité collective. Le deuxième point, c’est l’équipement des soldats en Centrafrique. On en a parlé aujourd’hui. Ils sont certes nombreux, mais ils ne sont pas vraiment en mesure d’intervenir. L’Allemagne va là aussi regarder comment elle peut aider. Le troisième point, c’est l’aide logistique. On a déjà fait ça au Mali », avait assuré la chancelière allemande.

De son côté, la France a décidé d’augmenter ses effectifs au sein de la force européenne. Elle compte réunir une force allant jusqu’à 500 soldats avec ses partenaires (Estonie, Finlande, Belgique, Pologne, Suède et Allemagne, etc.). Sa mission consistera à sécuriser le secteur de Bangui et ses populations, notamment l’aéroport M’Poko et les grands axes de la ville, avec l’objectif final de passer le relais à la Misca. Les soldats de Sangaris et de la Misca se déploieront alors sur tout le territoire.

Si le lancement de la force Eufor-RCA se concrétise effectivement cette semaine, il coïnciderait avec le mini-sommet sur la Centrafrique prévu pour le 2 avril en marge du sommet UE/Afrique. Placée sous la houlette de la France, de l’Union européenne et de l’Union africaine, la réunion aura pour objectif de trouver des solutions pour enrayer les tueries et jeter les bases de reconstruction d’un État.

Pendant ce temps, sur place, en RCA, les violences continuent. À Bangui, des soldats de la mission africaine et des témoins ont rapporté que des soldats tchadiens, venus chercher des compatriotes, avaient ouvert le feu samedi sur des habitants des quartiers nord de la capitale. Selon un officier de la Misca, le bilan est d’au moins huit morts et plusieurs blessés. La raison de cet incident reste inconnue. Les habitants ont dressé des barricades sur la route pour protester contre les violences de la veille. La semaine qui vient de s’écouler a été particulièrement sanglante dans la capitale avec une quarantaine de morts en quelques jours.

Yvette Reine Nzaba