Procès du 4-Mars : la hiérarchie militaire s’explique devant la Cour

Mardi 20 Août 2013 - 4:10

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Les débats du 19 août étaient axés sur les mesures sécuritaires, compte tenu de l’importante quantité d’explosifs qui se trouvaient à l’Établissement central de réparation des armements et munitions (Écramu). Des prévenus aux témoins, les autorités militaires ont été auditionnées par la Cour afin de déterminer les négligences

Les conditions déplorables d'entreposage des armes et munitions et l'état de délabrement avancé des magasins de l’Écramu sont amplement évoqués lors de l’audition de la hiérarchie militaire en charge des finances, du personnel, de la logistique et du contrôle.

Depuis plus de deux semaines, la Cour cherche les responsables de cet incendie ayant causé des pertes humaines et matérielles. Au cours de l’audience, les personnes qui se présentent à la barre n’éclaircissent pas les faits dans la recherche de la vérité tant attendu des Congolais : quelle est l’origine de l’incendie, ou encore quelles sont les personnes ayant commandité cet acte ? Jusqu’à ce jour, aucun militaire des forces armées congolaises n'assume cette responsabilité.

Le colonel André-Joseph Sahouss, chef de corps du bataillon d’armes de guerre, éclaire la Cour sur les charges qui lui sont imputées. Inculpé pour détention illégale d’armes de guerre, l’accusé André-Joseph Sahouss indique, au cours de sa déposition, qu’il voulait sauver son matériel qui se trouvait à l’Écramu. « Les 300 armes sont restés pendant trois jours à mon domicile. Ces armes n’ont pas un lien direct avec l’explosion du 4 mars 2012. La commission doit remplir sa mission au lieu de régler les contentieux personnels. Jusque-là, nous attendons les résultats de la commission sur l’origine du feu », a-t-il déclaré.

Il est 10 heures 34, lorsque le commandant Destin Noé Mpikinza Mandali monte à la barre. Il a été arrêté pour avoir remis au colonel Marcel Ntsourou un rapport de service effectué par les Coréens, courant 2011, qualifié de secret-défense par la commission. « Le colonel Ntsourou était habilité à recevoir les documents provenant de tous les services militaires, en sa qualité de secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité », explique-t-il.

Ensuite, le capitaine Jules Emekoro ainsi que le lieutenant Benjamin Okana, tous deux inculpés pour atteinte à la sureté de l’État comparaissent afin de s’expliquer sur les faits qui leur sont imputés. Le lieutenant ne reconnaît pas les faits, qui selon lui, lui ont été imputés à tort. Il a été reproché au capitaine Jules Emekoro de préparer un coup de force, chose qu’il nie. Le sergent Benjamin Okana a, quant à lui, été arrêté pour atteinte à la sureté de l’État pour avoir hébergé le sergent Charly-Fortuné Ntsoumou-Ngoba.

Trois généraux à la barre pour témoigner

Le général Ambroise Mopenza, directeur général de l’administration et des finances de l’armée, déclare, au cours de son audition, que le blocage des finances et la lenteur de l’administration ne dépendaient guère de sa volonté, mais relevaient du ministère des Finances qui, lui seul, connaît les raisons de ce blocage : « Nous aurions pu éviter cette situation. Ce drame restera à jamais gravé dans notre conscience politique. »

L’actuel chef d’état-major de l’armée de terre, Gilbert Bokemba, commandant de la zone militaire de défense n° 9, fait savoir que l’Écramu relève d’une autre structure, et qu’il n’a aucune autorité sur cet établissement, quand bien même, dit-il, l’Écramu se trouve dans sa zone de commandement. Au sujet de la détention illégale d’armes de guerre imputée au colonel André-Joseph Sahouss, Gilbert Bokemba répond qu’il n'a été informé de cette situation qu’en octobre 2012, lors de la reconstitution des faits.

Le contrôleur général des armées, François-Xavier Ndongo-Mokana, déclare dans sa déposition que les textes ne l'avaient pas entièrement investi dans ses fonctions de contrôleur. « Je devais intervenir dans les marchés de l’État, mais il y avait des dysfonctionnements car les textes m’empêchaient d’exercer pleinement ma mission », a-t-il conclu.

Josiane Mambou-Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo : La salle d'audience le 19 août 2013. (© Adiac)